Dire des gros mots est devenu d’une très grande banalité. Cependant, dans la bouche d’un enfant cela choque toujours.
L’on considère un enfant comme un être « pure », devant être protégé de toutes les excès des adultes.
Certes, il faut dire qu’un gros mot sortant de la bouche d’un enfant, c’est assez laid. Idem pour un geste obscène (exemple : doigt d’honneur).
Problème : il les a bien entendu quelque part. A l’école ? Très probable. Toutefois, les adultes de l’école font souvent très attention à leur propre vocabulaire.
Les enfants entre eux, aiment à transgresser certains interdits. Ainsi dire le mot « con » peut devenir l’affaire de la semaine dans un groupe d’enfants du primaire. Ce sera un mot rapporté de la télévision, un mot prononcé par un plus grand (ainé de la fratrie ?), par un adulte..
Ce sera aussi l’envie d’imiter l’un de ses camarades. Camarade forcément très drôle puisqu’il a osé profaner le monde réservé aux adultes.
Ainsi, si cela fait bien parti des petits plaisirs de l’enfance de pouvoir jouer au grand, dire des gros mots en fait parti également. C’est transgresser un interdit que seuls les adultes (ou les plus grands) sont censés avoir le droit de franchir. C’est pourquoi dire un gros-mot en primaire par exemple, particulièrement devant les autres camarades, est un acte absolument délicieux. Lorsque le mot est lâché, les autres membres du groupes des marmailles « pouffent » de rire, mains devant la bouche, comme s’il ne fallait pas surenchérir en laissant sortir d’autres mots : car l’enfant qui a laissé sortir le mot, a fait ce que tous les autres rêvent de faire ! Quant à celui qui « caftera » à l’instit, c’est bien parce qu’il a bien compris que cela était interdit et que cela doit nécessiter sanction.
Une fois devenu adulte, c’est d’un courant ! Qui d’entre-nous n’utilise pas de temps à autres des mots grossiers ?
Alors ces gros-mots vont-ils par la suite se retrouver dans les copies de vos enfants ? Quasiment impossible. De toute façon si cela devait arriver, l’instit fera le nécessaire pour remettre l’effronté à sa place. Après, c’est aussi aux parents de surveiller leur langage à la maison. Si toutefois, il en sortait tout de même de votre bouche, votre enfant se fera un plaisir de vous reprendre. A vous de vous excuser.
Par la suite les gros-mots s’autorisent à sortir d’eux même, en passant du cap de l’école primaire au collège. Ainsi le collège est un vrai défouloir : le bahut, reste bien l’endroit par excellence où il faille faire le grand. C’est « cool » de dire un gros mot.
Après il est bien clair que l’enfant ne doit en prononcer devant des adultes : professeurs, surveillants…Que l’enfant reste à sa place d’enfant et n’essaie pas de se mettre au même niveau qu’un adulte. Le cas contraire, en cas de sanction pas l’établissement, vos en profiterez pour passer un sermon à l’enfant sur ce que l’on peut dire ou non, en présence d’adultes (y compris vous), d’enfants plus petits que soi, ou d’enfants du même âge que soi. Une leçon de citoyenneté en sorte.
De toute façon, il parait impossible de protéger totalement les enfants du monde des adultes. Alors même s’il est important de les empêcher de prendre trop de mauvaises habitudes langagières, lorsqu’il seront adolescents, vous ne pourrez que très peu les limiter dans le verbe.
Qu’on se rassure, dire des gros-mots ne fait pas de votre gamin un voyou…Et n’oubliez pas que vous êtes passé par là. Alors soyez pas « chiants », les vieux.
Publié dans le magazine « Belle », supplément du journal « le Quotidien », ile de la réunion.
Dr David GOULOIS : docteur en psychologie, psychologue, psychothérapeute et sexologue sur l’Ile de La Réunion
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