Etre gaucher était il y a encore quarante ans, considéré comme une tare. Particulièrement à l’école, où écrire de la main gauche était considéré comme le signe de futurs échecs scolaires ; Il faillait faire comme tout le monde. Dans certaines familles, c’était aussi certaines fois mal vu. L’œuvre du diable. Il fallait être comme tout le monde.
Aujourd’hui être gaucher n’est plus vraiment surprenant. Tout au plus, l’on dira « ah bon tu es gaucher ?! ». C’est naturel, car les gauchers représentent une personne sur dix. Par ailleurs les gauchers sont majoritairement des garçons.
Terminé les tapes sur la mains, lorsque gaucher l’on utilisait cette main pour écrire la dictée de l’enseignant, ou la main gauche attachée dans le dos ; fini les menaces de la sorte : « je vais te couper la main si tu ne fais pas un effort ».
Mais de quel « effort » parle t’on ? Il n’y a aucun effort à faire puisque cela ne se corrige pas (et n’a pas à l’être non plus). Cela peut se « forcer », mais ne se corrige pas. Qu’on arrête de penser qu’un gaucher est quelqu’un de « gauche ». Il n’est pas plus maladroit que cela et n’est pas pour autant socialiste…Il n’est pas non-plus, plus intelligent que les autres (une vieille croyance).
Ainsi être gaucher c’est avant tout un héritage biologique : c’est la génétique qui est « responsable » de cette latéralité. Même si vos parents ne sont pas gauchers, vos grands-parents, vos arrières grands-parents peuvent l’être. Il s’agit bien là des lois de Mendel sur la transmission génétique ! Cela suffit à faire apparaitre chez vous ce gène, qui donne un caractère finalement aussi banal que d’avoir les yeux bleus. Un droitier et un gaucher font des enfants : cela donnera des enfants ayant tous les gènes droitiers et gauchers. Que deux individus ayant tous deux les gènes droitiers et gauchers s’unissent nous auront une chance sur quatre d’avoir un enfant gaucher !
On a parlé de spécificités psychologiques propres aux gauchers, comme une soi-disant plus grande agressivité que chez les droitiers ; une plus grande créativité…cela n’a jamais été prouvé et les études sont assez contradictoires.
Il y a des personnes qui sont droitière de la main et gauchère du pied en prenant appui sur lui. Ce sont de vrais droitiers même s’ils frappent le ballon avec le pied gauche (on frappe avec le membre inversé au pied d’appui).
Certains enfants s’auto-contrarient en devenant droitier alors qu’ils sont gauchers ; cela souvent dans le but de ne pas être assimilé au groupe des gauchers ou encore pour se sentir différent de la famille (famille de gauchers) ou encore comme elle (famille de droitiers). Cela pourrait être le cas de personnes ne se servant de la main gauche simplement pour écrire et de se servir de la main droite pour tout le reste.
Tout est une question de dominance de la latéralisation dans la vie courante (le côté que vous utilisez principalement). C’est cette dominance qui détermine votre « appartenance ».
L’on peut passer de gaucher à droitier dans des cas très particulier, généralement un accident qui à fait perdre l’usage précis du membre originairement dominant.
Il est vrai que dans notre société être gaucher n’est pas si simple : l’on peut avoir quelques difficultés au début a avoir une écriture lisible, car en français nous écrivons de gauche à droite. Ainsi le gaucher est presque obligé de faire une torsion dorsale. Mais, bon, pour avoir corrigé de multiples copies d’étudiants gauchers, ils n’en restent finalement pas moins lisible.
Pour les activités de groupes conditionnées (la marche militaires par exemple), cela devient compliqué puisque la force du gaucher est à gauche et non à droite comme ses collègues. Aussi devra t’il muscler d’avantage son bras droit pour tenir son arme comme tout le monde.
Il est vrai que ciseaux, appareils photographiques, souris d’ordinateurs, guitares ne sont pas adaptés aux gauchers (bien que quelques entreprises spécialisées commencent à considérer le « marché » des gauchers comme intéressant : http://www.lamaingauche.com ).
En dehors donc de ces exemples, je ne vois pas quelles autres contraintes sérieuses pourraient avoir un gaucher ; c’est même des fois un avantage ; dans le sport (par exemple le tennis), les joueurs sont habitués aux droitiers ; en face d’un gaucher cela tend à les déstabiliser. Idem pour les sports de combats (et même dans une situation d’auto-défense).
Enfin, qu’on n’oublie pas que certains gauchers sont devenus célèbres : Léonard de Vinci, Charlie Chaplin, Paul Verlaine et Bill Gates ! Comme quoi la réussite n’appartient pas à un bord particulier.
article publié dans le magazine « Belle », supplément du Quotidien, Ile de la Réunion
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