Ménopause et vie sexuelle

Ménopause et vie sexuelle

La vie sexuelle de la femme après la ménopause perdrait de son intensité. Le désir ne serait plus le même. Mythe ou réalité ?

Essentielle : La ménopause a-t-elle une répercussion sur la sexualité d’une femme ?

David GOULOIS : Oui. Les modifications hormonales vont impacter sur la libido féminine. Ce sont les hormones œstrogènes et progestérones qui sont les responsables. Elles commencent à chuter pour que le corps de la femme ne puisse plus procréer. Cela commence généralement vers 45-50 ans, mais l’on connait des ménopauses bien plus précoces, au-delà de la période de pré-ménopause qui se situe vers 45 ans. L’on parle de ménopause, quand lorsqu’une affection organique n’est pas repérée, la femme présente 12 mois consécutifs d’absences de règles. Souvent, avant cette année, les règles d’ailleurs sont irrégulières. Mais en plus d’une baisse de libido d’origine physiologique, provoquant des symptômes diverses comme les fameuses « bouffées de chaleur », il y a également les changements du corps qui vont intervenir dans l’humeur et la représentation que la femme a d’elle-même. Ainsi, il n’est pas rare dans le cas de la ménopause, qu’une prise de poids s’exerce. Il y aussi des inconforts autour de la zone génitale : si l’on sait que le vagin se lubrifie lors d’une émotion positive intense, les sécheresses vaginales ne sont pas rares à cette période, même en cas de désir. Un gel lubrifiant peut alors s’envisager.

La ménopause est un processus de déclin normal et souhaitable des fonctions reproductrices de la femme, même si les désagréments causés par cette étapes peuvent être pour certaines femmes, réellement contraignants.

Essentielle : Comment s’assurer d’une sexualité épanouie même après cette étape ?

David GOULOIS : Heureusement, la ménopause prend fin. Et la sexualité peut reprendre son cours, normalement. Toutefois, si le pause sexuelle fut assez longue, la reprise de l’activité peut être légèrement compliquée tant du côté de la femme que de son compagnon, qui souvent n’aura pas compris les raisons psychiques et physiques qui l’ont conduites à subir la frustration. Mais l’après-ménopause est intéressante sexuellement pour les deux partenaires, puisqu’elle permet de se priver de moyens contraceptifs et de l’inconfort qu’il pourrait y avoir (pilule, pose du stérilet…). C’est peut-être l’occasion d’essayer de nouvelles formes de sexualités qui n’ont pas encore été explorées.

Essentielle : Y a-t-il des gestes à avoir pour que ce changement se vive le plus sereinement possible au niveau de la sexualité ?

David GOULOIS : Il s’avère que la ménopause est souvent, aussi mal vécue par le conjoint que par la femme. Du fait justement d’être confronté à un changement de personnalité et à une frustration dans le domaine sexuel. Aussi, les gestes tendres sont toujours souhaités chez les deux protagonistes. Mais il semble très important que lorsque madame ait quelques envies sexuelles, qu’elle fasse très clairement comprendre à son mari, qu’elle le désir. Le mieux est d’aller clairement chercher son partenaire dans ce registre. Il n’aura ainsi pas l’impression d’être abandonné.

La ménopause pouvant influencer particulièrement sur la qualité du sommeil et des humeurs, il convient pour madame de conserver ses relations sociales, d’avoir des projets de vie et de pratiquer une activité physique. Les troubles du sommeil peuvent être régulés par la prise de psychotropes, que seul un médecin, de préférence gynécologue pourra prescrire.

Essentielle : Est-ce que les hommes connaissent les mêmes « effets » quand ils passent un certain âge ?

David GOULOIS : Oui, mais pas au même moment. Les hommes subissent l’andropause, qui se caractérise essentiellement par une baisse de la libido et une plus grande difficulté à avoir une érection ou à la maintenir. Il n’y a pas vraiment de symptômes périphériques comme chez la femme. Mais c’est le deuil de ses pleines capacités viriles qui sont en jeu ; ainsi l’andropause provoque davantage des soucis d’ordre psychologique que physiologique. C’est là aussi un processus de déclin normal. Elle commence en générale vers 60 ans, bien qu’elle présente souvent des signes avant coureur d’érections matinales de moins en moins fréquentes et de moins en moins toniques dès 50-55 ans.

Essentielle : Est-il possible de vieillir ensemble tout en ayant toujours du désir pour son compagnon ?

Ménopause et vie sexuelle 1

David GOULOIS : tout à fait. C’est même souhaitable. Vieillir n’empêche pas le désir et la sexualité. Mais cette sexualité va progressivement se transformer avec le temps, pour devenir de moins en moins génitale et s’orienter de plus en plus, voire presque exclusivement, vers une sexualité plus « soft », comme les baisers et les caresses. Le rapport génital, va avec le temps, n’être plus la préoccupation principale de madame comme de monsieur. Mais ne plus être la préoccupation principale, ne veut pas dire qu’il n’y aura plus d’ébats génitaux !

Surtout que l’après ménopause provoque chez certaines femmes, un regain particulier pour la sexualité, comme si elles redécouvraient leur corps et une nouvelle vie, tandis que chez l’homme, ses capacités érectiles commencent à décliner. C’est intéressant, car si l’homme en général, se plaignait plus jeune, d’un nombre de rapports insuffisants, maintenant, la fréquence proposée par madame devient normalement, suffisante pour monsieur.

De toute façon, ménopausée au pas, ce qui donnera à une femme des envies autour de la sexualité, restent toujours les mêmes recettes, quel que soit l’âge : tendresse, prise d’initiative pour surprendre madame, partage des tâches, communication et sentiment de sécurité.

La vieillesse n’est pas l’arrêt de la jouissance : j’ai eu l’occasion de donner une conférence dans une maison de retraite, et bien, à entendre les commentaires du public présent dans la salle, croyez-moi, les séniors ne sont pas en reste en ce qui concerne la pratique de la sexualité.

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