Henry le premier robot sexuel débarque. Assistons-nous à une nouvelle ère sexuelle?

Henry le premier robot sexuel débarque. Assistons-nous à une nouvelle ère sexuelle?

Essentielle : Le robot sexuel, qu’est-ce ?

David GOULOIS : C’est un androïde conçu pour apporter du plaisir sexuel à un véritable humain. Henry n’est que la version féminine d’un robot fabriqué pour le plaisir masculin. Ce qui est nouveau, c’est que s’il était jusqu’alors « banalisé » à ce que certains hommes se tournent vers des « poupées gonflables » en substitution d’une partenaire, maintenant les femmes si mettent (ou peuvent s’y mettre) également. Avant, on se représentait la femme qui désirait avoir un plaisir solitaire, ayant recours au godemichet, n’exploitant alors que pénis pour son plaisir. Maintenant, tout comme l’homme, elle exploite la représentation d’un corps complet.

Essentielle : Est-une nouvelle forme de sexualité qui en est à ses balbutiements?

David GOULOIS : Tout à fait. Car l’on voit bien que la femme recherche l’égalité avec l’homme dans les possibilités à prendre du plaisir. Ceci n’est que la conséquence d’un changement plus globale de la femme, face à sa posture féminine dans le monde et plus spécifiquement, face à sa sexualité. Cela renvoie également à la femme, qui devient ou s’essaie à être, « sexuellement consommatrice ».

Essentielle : Est-ce un « danger » pour une vraie vie sexuelle ?

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David GOULOIS : Au même titre que pour les hommes, avoir prioritairement besoin d’un jouet sexuel entretien l’absence de relation amoureuse et intime avec un partenaire. Cela n’amène plus à être dans la séduction, à sortir pour faire des rencontres et peut ainsi se transformer en addiction.Et cela renvoie à d’autres questions : parce qu’il y a eu par le passé des comportements machistes, misogynes de la part des hommes, on le voit, les femmes occidentalisées se cherchent dans leur identité. Quitte à « singer » les hommes. Dans ce débat, je ne suis pas convaincu que la recherche absolue de l’égalité avec l’homme, amène à l’obtention de l’équité sociétale. La femme a ses propres spécificités. A trop « copier-coller », elle risque identitairement de s’y perdre.

Essentielle : Pourquoi un robot sexuel peut donner envie ?

David GOULOIS : C’est une envie mécanique, physiologique, pas très loin du pathologique. Si l’on peut observer certains hommes qui « déshumanisent » plus facilement le corps de l’autre, cela l’est beaucoup moins chez la femme. Le recours au godemichet permet de fantasmer, d’imaginer un personnage, notamment amoureux. Et c’est tout de même la main, le poignet, donc l’humain qui fait le plus de travail. Et le godemichet ne remplace pas un corps. Là, il n’y a pas de fantasme à avoir, puisque que le personnage est déjà là. Normalement, la sexualité de la femme ne va pas dans cette direction : le fantasme est autour de scénario, d’une ambiance, de sentiments…Avec le robot, cela ne permet plus ces choses là. Même le « porno » apporte davantage d’humanité, en ce sens où ce sont des vrais corps, des vraies personnes (même si actrices) qui font la pratique. Là, l’on est dans quelque chose de synthétique, d’ « archi-faux ». Le jour où la femme (mais aussi les hommes) consommerons en masse ce type de robot, l’humanité ne devra plus s’appeler ainsi.

Essentielle : Comment imaginez-vous le futur avec cette sexualité robotisée ?

David GOULOIS : Triste. D’autant que l’on va produire, des robots en série si la demande appelle l’offre. Cela va dans la ligne droite d’une vie « artificielle », où les machines prennent la place des humains dans la vie quotidienne (le sexe fait partie intégrante de cette vie). Et je crois que si les « conseils nationaux d’étique » des différents pays ne mettent pas une limite dès aujourd’hui à cette artificialité, l’humain perdra son imperfectibilité, c’est-à-dire, ce qu’il fait son charme.

Publié dans le magazine Essentielle, Océan Indien.

Dr GOULOIS David, Psychologue- Sexologue, La Réunion, St Pierre 97410

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