L’hétérosexualité stricte n’existe pas ?
Essentielle : L’hétérosexualité «stricte» n’existe pas, selon la science. Qu’est-ce que cela veut dire ?
David GOULOIS : Déjà avant la 14ème semaine de grossesse, l’on ne peut déterminer le sexe de l’enfant, car il n’est pas apparent. Pourquoi? Parce le foetus devenu embryon n’est pas programmé pour rapidement le déterminer; ce n’est pas la priorité de la nature, la capacité reproductive n’étant pas vitale. De fait, l’embryogenèse se montre encore incertaine, pour preuve la présence de tétons chez l’homme, pourtant clairement ne pas amener à l’allaitement.
Et chez la femme, le clitoris, même si l’on ne peut pas dire qu’il serait un pénis atrophié comme on aurait coutume de le dire (le clitoris ne possède pas d’urètre, le conduit qui permet l’évacuation de l’urine) est proche sur beaucoup d’aspects, du pénis.
Ensuite et c’est bien tout la question de la « théorie des genres », il ne faut pas confondre le genre sexuel (je suis anatomiquement un homme, une femme), de l’identité sexuelle (je me sens homme, une femme) de l’orientation sexuelle (j’aime les hommes, les femmes; et encore, si l’on est un homme, on peut aimer au sens amoureux la femme et avoir simplement du désir sexuel pour un homme)…
Essentielle : Pourtant, certaines personnes estiment être à 100% hétérosexuelle/homosexuelle. Ce n’est pas le cas ?
David GOULOIS : C’est totalement impossible parce que déjà, l’on est pas 100% masculin ou 100 % féminin. Une femme par exemple, ce n’est pas 100% d’hormones féminines.. Déjà, parce que biologiquement, je viens de le démontrer. D’ailleurs, les femmes aussi ont de la testostérone, cette hormone masculine par excellence…Celle qui donne les poils!
Ensuite, à l’adolescente, ‘l’homosexualité peut se manifester sans que l’on s’en rende compte; on parle d’ailleurs d’homosensualité, parce qu’elle n’est pas un désir véritable pour le même sexe, mais plutôt une curiosité érotisée: des filles se tiennent par la main, prennent des douches ensemble, s’échangent leurs habits….Les hommes certaines fois se mettent des claques sur les fesses dans les vestiaires, se comparent les pénis…Certains adolescents mâles se masturbent même dès fois en groupe devant un film pornographique par exemple, ou participent à un gang-bang (une femme s’offre à plusieurs hommes)…Bref, l’on aurait plein d’exemples à donner qui ne tiendraient pas sur une page…
Mais à l’adolescence il n’est pas rare que des individus éprouvent des sentiments de très très forte amitié: David et Jonathan, dans la bible judéo-chrétienne…Alexandre le Grand et Héphestion dans la Macédoine antique…Toutes les cultures à un moment donné de leur existence ont plus ou moins laissé faire, voire même encouragé l’homosexualité. En terre d’Islam, l’on connaît le portrait de Chah Abbas; en fait chez de nombreux musulmans, l’homosexualité féminine est tolérée parce « non pénétrante ». Et ce qui pose problème chez les homophobes, et ce sont majoritairement des hommes qui prônent cela contre nature, c’est la pénétration. Les femmes sont toujours peu importe les cultures, plus tolérantes à ce sujet.
Essentielle : Est- ce que la définition de l’orientation sexuelle est importante en 2018 ?
David GOULOIS : C’est politique. En fait, certains nationalistes, du fait du flux migratoire consécutif à la mondialisation, ont peur du chômage, du manque de ressources. L’on est dans une nationalisme de plus en plus fort, dans une revendication identitaire, avec l’exaltation de peuples forts, sans faiblesses. Hors, tolérer l’homo-sexualité, c’est admettre la suprématie de l’émotion au détriment de la « raison sociétale » toujours teintée de morale religieuse/sociale.
La science elle se fiche de savoir si un fait est bien ou mal…Elle ne fait qu’expliquer. Et cela fait longtemps qu’elle a montré que l’homosexualité est dans la nature (singe bono-bo pour l’exemple, notre cousin génétique à 98%!).
Donc tolérer l’homosexualité, même un peu chez soi-même, ça ne fait pas très virile, très fort…
Même si l’occident et l’orient ont progressé sur le sujet, indéniablement l’on constate de plus en plus de personnes intolérante au sens globale du terme.
La peur de l’étranger (à savoir différent de moi, par son identité ethnique, sociale, sexuelle…), ce n’est que la peur de l’étrange qui est en nous.
Essentielle : Est-ce possible de s’estimer hétérosexuelle et d’être attirée par une autre femme (et vice versa) ?
David GOULOIS : Oui. De plus en plus ont parle de pansexualisme. A savoir aimer sans frontières identitaires; l’on aime l’esprit de l’individu, peu importe le corps. Cela est différent de la bi-sexualité (même processus que l’hétérosexualité), où ont aime d’abord un corps et après un esprit.
Essentielle : Et si cela arrive ; est-ce qu’il faut suivre la route de cette attirance (avec une relation) ? Une attirance doit-elle toujours prendre vie dans la pratique…
David GOULOIS : Cela renvoie à ses convictions personnelles notamment autour de la fidélité. Tromper son mari avec une femme, peut être considéré comme un adultère, tout dépend des points de vue. Après, « l’amour à ses raisons, que la raison ne connaît pas », disait Blaise Pascal…Difficile de lutter contre ses sentiments. La question se pose beaucoup moins si on est célibataire. Si l’on a un désir homosexuel, en ce cas, quel est le problème? Cela ne regarde que vous et vous-même. D’autant qu’avoir un désir de temps en temps pour le corps du même sexe, ne veut pas dire qu’on aime la personnalité du même sexe…
Ainsi, il y a autant de sexualité, qu’il y a d’humains. S’il y a une bien une leçon a tirer de tout cela, c’est que l’on ne peut plus se permettre à mettre les gens dans des cases.
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