Etude, formation, travail : à 20 ans il ne sait pas ce qu’il veut

Etude, formation, travail : à 20 ans il ne sait pas ce qu’il veut

Pas si simple quand on est jeune de savoir quoi faire de sa vie. La faute à qui ? Disons à un ensemble de facteurs : un manque d’ouverture, de stimulation de l’environnement familial, un désinvestissement de l’école (souvent consécutif aux deux premier facteurs), un manque d’exemples parentaux motivants (papa et maman n’auront pas transmis les valeurs du travail…), une mauvaise orientation scolaire…

Pour ma part, ayant eu de grosses difficultés au collège, j’ai eu la chance de côtoyer en métropole, un école de la deuxième chance : une Maison Familiale et Rurale…

Formation en BEP, Bac pro, Bac +5, et Bac+ 8 aujourd’hui…Voici mon parcours.

Ainsi l’éducation nationale n’est pas le seul tremplin à la réussite professionnelle. Si l’éducation nationale offre un large choix de formations, il n’en reste pas moins que concernant le décrochage scolaire elle est devenue inefficace.

Des problèmes de pédagogie? Sans doute…Mais pas la faute qu’aux enseignants…Vu les classes surchargées, ils font ce qu’ils peuvent. La faute un peu des parents, mais eux aussi font ce qu’ils peuvent, avec ce qu’on leur a transmis.

Alors la faute à un peu tout le monde. Mais la plus grosse responsabilité à qui ? Sans démagogie, aux différents ministères de l’éducation, tout simplement.

Au sein des maisons familiales et rurales, cela fait longtemps qu’on a tout compris : ce qui compte dans la relation pédagogique c’est la proximité élève-enseignant. C’est valoriser les gosses dans des classes non-surchargées, c’est montrer à travers des outils adaptés et des applications concrètes à la vie de tous les jours que le travail n’est pas si chiant…

Et en MFR l’on a bien plus le temps de le démontrer, d’autant qu’il s’y trouve des internats.

Bref, loin de moi l’envie de casser l’éducation nationale : elle a ses forces, ses atouts. C’est indiscutable l’éducation nationale réussie à la majorité des gamins.

Mais elle a aussi ses faiblesses

On soulignera aussi la disparition progressive des RASED (Réseau d’Aide Spécialisé aux Enfants en Difficulté) qui permettait la prévention des difficultés de l’apprentissage chez le jeune. On se plaindra après que les jeunes sont désœuvrés en ne comprenant pas pourquoi…

Quoi qu’il en soit il faut bien rendre à César ce qui est à César…

Après le collège, dès le lycée, les études sont très faciles d’accès aux étudiants (hormis les coûts financiers). La France de ce côté a bien bossé.

Pas le Bac ? Pas grave, ou peut s’en sortit tout de même…Je suis toujours très étonné que très peu de gens connaissent les équivalents au baccalauréat :

Le DAEU (Diplôme d’Accès aux Etudes Universitaires) permettra à la personne ayant quittée le milieux scolaire (sous conditions) de reprendre l’essentiel du bac en cours du soir !

Le BETEP (Brevet d’Etat d’Animateur de Technicien de l’Education Populaire), la Capacité en droit, le Brevet Professionnel (en boulangerie, en coiffure, en fleuristerie…), le BTA (Brevet de Technicien Agricole : services aux personnes en milieu rural, horticulture…).

Bref, la France offre un panel de passerelles pour avoir accès aux « études sup »…Et enfin avec un CAP d’artisan, l’on peut tout aussi bien s’épanouir et gagner sa vie.

Vous ne connaissiez pas tous ces diplômes : je sais, même certains professionnels du « conseil en orientation professionnel » de grandes administrations de l’Etat, ne les connaissent pas…C’est dire si la chose est grave…

Pour leur défense, eux aussi ont subi des suppressions de postes à outrance et auront bénéficiés de formations trop brèves. Et puis souvent, ils sortent eux aussi du même moule de formation jusqu’au Bac…

Alors des solutions pour un jeune qui ne sait pas quoi faire….Déjà, pas question d’autoriser le squat chez soit : chez papa et maman ce n’est pas l’hôtel-restaurant. Soit, le jeune bosse et il prend son particulier, soit il se forme et il peut rester. Ni l’un ni l’autre ? Il quitte la maison…Pas 36 solutions! Au risque de vous retrouver, si vous n’agissez pas, colocataire d’un « Tanguy » croisé d’avec un mollusque en état végétatif…

Ce n’est pas lui rendre service que de le sur-protéger…Oui, il fera des esclandres, il s’emportera, vous fera culpabiliser…Faites votre job de parent. Du courage que diable, c’est pour son bien !

Cela se passe tout de même bien mieux, si dès le départ, dès l’entrée à l’adolescence, vous aurez prôné cette philosophie à la maison. En gros, dès le plus jeune-âge il faut les encourager à l’expatriation, à aller voir plus loin!

On en connaît un tas qui au bout d’un mois dans l’exagone, rentrent. chez moman parce qu’elle est loin. Et puis fait froid…Et puis c’est pas pareil…Et puis…Et puis…

Faites vous accompagner par des éducateurs, un psychologue, les services sociaux et obligez le jeune à faire un bilan de sa vie.

Dans certaines institutions de l’Etat (les mêmes critiquées plus haut), dans les cabinets privés de psychologues ou de ressources humaines, il est possible de faire un BCA….Ko sa i lé? Un « Bilan de Compétence Approfondi ». Rassurez-vous, cela ne fait pas mal.

Plusieurs centres agréés le propose : mieux vaut se renseigner auprès de Pôle-Emploi.

Ce bilan permet à la personne de faire le point sur sa vie professionnelle et d’envisager une stratégie de formation en fonction de ses capacités, de ses compétences, de ses goûts…Il a l’intérêt de montrer la réalité entre ce qu’on voudrait faire et ce qui est faisable.

Une dernière chose… Et s’il créait son entreprise? Pas vraiment d’âge pour être entrepreneur puisqu’on peut l’être sous conditions à 16 ans…Et créer son entreprise, ce n’est pas si compliqué que cela, je sais de quoi je parle.

Comment « le pousser » à s’émanciper ?

–         Ne pas rabaisser : il ne faut pas tout le temps incriminer le jeune. Cependant cela n’empêche pas la fermeté : rappelez le cadre : ici ce n’est pas un hôtel. Valorisez lorsqu’il a réussi quelque chose, valorisez-le devant les autres (famille, connaissances).

–         Pas la moral : faire la moral ne marche pas vraiment. Mieux vaut agir par sanctions et gratifications.

–         Sanctionner : il ne bouge toujours pas ? Privez de quelque chose qui lui est cher et tenez bon ! Il retrouvera ses plaisirs qu’a partir du moment où il donnera satisfaction. Il relâche ses efforts ? On sanctionne de nouveau.

–         Ne pas comparer : il ou elle n’est pas sa sœur ou son frère. Cessez les comparatifs avec la fratrie (ou autre personne) cela pourrait accentuer le sentiment d’incapacité et créer des tensions entre les membres de la fratrie. Remarquez que si vous comparez aujourd’hui, vous le faites certainement depuis longtemps. Trop longtemps.

–         Privilégiez des moments à deux, en famille : ce n’est parce que le jeune est perdu, qu’il ne fait plus partie de la famille. C’est l’occasion de lui montrer qu’on l’aime, de se dire les choses importantes, ce qu’on ressent.

–         Prendre rendez-vous : prendre rendez-vous avec lui, accompagnez-le au rendez-vous de formation, d’information.

–         Le bénévolat : lui donner l’idée de s’investir dans des activités bénévoles auprès des autres : cela valorise, fait rencontrer des gens, implique la solidarité au groupe qui l’accueil et peut initier l’envie de se lancer dans une formation, un métier. Mieux vaut être actif même bénévolement que de rester devant la console de jeux ou la télévision toute la journée.

–         Demandez de l’aide : psychologue, éducateur…Allez les consulter, ils vous donneront des techniques adaptées à la situation.

Bien souvent l’inactivité d’un jeune à la maison, a pour origine un refus de grandir : un modèle parental qui ne la pas satisfait, la trahison d’un adulte, un manque de confiance en soi…Le dialogue doit toujours être présent, mais vous ne devez pas céder à l’agressivité, au chantage ou à la culpabilité. Mais si votre enfant ne prend pas son envol, par le travail ou les études, il va devenir un vrai « handicapé social » !

Là vous aurez le loisir de vous en vouloir….

Article publié dans le magazine « Belle », supplément du « Quotidien », Ile de la Réunion.

Dr David GOULOIS : docteur en psychologie, psychologue, psychothérapeute et sexologue sur l’Ile de La Réunion

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