Comment gérer les conflits au travail

Comment gérer les conflits au travail

Les conflits au travail peuvent prendre différentes natures : de la simple incompréhension ou harcèlement moral ou sexuel.

Il est important de considérer que le travail participe à l’identité de la personne. Le travail permet de dire : « je suis ci, je suis ça ». Donc de dire « je suis ». Le travail participe au fait « d’être », d’exister. C’est pourquoi certaines personnes qui n’ont pas d’emploi, ou qui n’ont pas l’emploi qui leur plait, au-delà de l’aspect financier, vivent mal cette situation. Il en est de même pour celles et ceux qui vivent des situations très conflictuelles au boulot.

Le travail permet aussi d’avoir une place dans le couple, dans la famille : « mon fils est menuisier, mon papa il est pompier, ma maman docteur…».

Lorsqu’on ne se plait plus au travail, lorsqu’on y va à reculons, qu’on subit des railleries, des insultes, des rabaissements, l’on peut développer un dépression sérieuse, qu’on appelle « burn-out ». Ce burn-out ou « épuisement lié au travail », est insidieux. Souvent il s’installe sans vraiment qu’on s’en rende compte, tant il vrai qu’on a tendance à ne pas écouter son corps et son mental. Par ailleurs, cet épuisement peut donner des symptômes physiques (psychosomatiques : maux de ventre, douleurs au dos ; d’ailleurs on dit « en avoir plein le dos » lorsqu’on a plein de soucis).

Le turn-over (ou changement de personnel constant : changement de poste, contrat de 6 mois non-renouvelé) ne permet pas de créer de cohésion de groupe. A peine le temps de se connaître qu’il faut se dire au revoir. Qui a dit qu’il s’agissait d’une spécialité des administrations publiques ?

Le manque de clarté dans les fiches de postes (ou pire leurs absence), le management dictatorial non-participatif (où le personnel participe à la bonne marche du service, de l’entreprise en donnant son avis : l’exemple du modèle de management allemand)?

Le manque de compétences des uns et des autres (le recrutement par « pistons »), le manque de formation continue, l’absence de contrat, les menaces de rupture de contrat (« si je ne peux pas faire de réunion politique chez toi, dis adieux à ton renouvellement de contrat »)?

Tout cela participe à la mauvaise entente au travail et donc à la souffrance professionnelle.

Des conflits peuvent donc aisément survenir :

–         entre des employés de plus ou moins le même rang hiérarchique

–         entre des individus où il y a une subordination hiérarchique (ex : patron et salarié).

Alors comment gérer un conflit naissant ?

–         Rechercher l’origine du conflit : il faut identifier quelle est la « goutte d’eau qui a fait déborder le vase », quel seuil à été dépassé. Egalement, identifier à quel moment le conflit, la dispute c’est-il produit. Pour vous aider, essayez de revivre l’instant en faisant revenir à la conscience les émotions du moment.

–         Prendre une distance : se mettre en place d’observateur de la situation. Il faut essayer d’être neutre, mais ce n’est pas facile. Pour cela soyez empathique et non jugeant. Qu’observez-vous de la situation ?

–         Identifier les valeurs qui ont été touchées : qu’elles sont les valeurs qui ont été touchées lors du conflit, qu’est-ce qui vous a fait mal ? L’honnêteté a-t-elle été bafouée ? L’amitié ? La fidélité ?

–         Se remettre en question : se dire que ce qui est important pour moi ne l’est pas forcément pour l’autre : ainsi je lui ai peut-être « pris la tête » de façon exagérée ? Par ailleurs, nous n’avons pas tous la même signification d’une même situation, d’un même mot. Cela rejoint l’idée de prendre de la distance, mais de façon plus prononcée. Essayez de vous mettre à la place de l’autre ; après tout, peut-être qu’il avait de bonnes raisons de vous engueuler, peut-il qu’il croit lui aussi des choses, qu’on lui a raconté de mauvaises choses sur vous, qu’il a mal interprété l’un de vos acte, vos dires?Pensez qu’au final, l’autre était au tout départ du conflit, peut-être non-armé d’agressivité. Des fois (imaginez que cela est possible), c’est nous qui pensons exagérément que les autres nous en veulent.

–         Se refaire une vision de l’autre, le changement chez soi: l’autre n’est certainement pas tout « mauvais ». Trouvez du positif chez l’autre. Vous n’êtes pas un(e) saint(e) non-plus.

–         Identifier ce qu’on souhaite : qu’est-ce que je souhaite aujourd’hui ? Visualisez les moments de bonheur que vous souhaitez avec l’autre.

–         Changer l’autre : provoquez le changement chez l’autre. Que pourriez-faire pour lui être agréable ? Pourriez-vous avoir une discussion posée avec lui, en lui présentant d’abord vos excuses pour la part de torts que pourriez avoir ? Baissez votre orgueil, peut-être baissera t’il le sien. Il ne veut pas le faire ? Il n’en vaut pas le coup. Pourquoi serait-ce à vous de faire le premier pas ? Parce qu’il n’a peut-être pas lu cet article et qu’il faut qu’il en ai bien un qui commence ! Sinon, vous n’avez pas fini d’attendre le changement qui ne viendra pas « tout seul ».

–         Recommencer un histoire : recréez quelque chose ensemble, une nouvelle histoire en vous servant des leçons du passé.

Et si cela ne fonctionne pas ?

–         Peut-être que dans l’équipe, quelqu’un pourrait vous servir de médiateur : En espérant que cette personne reste objective, ce qui n’est pas gagné. Sinon demandez la médiation de votre hiérarchie, même si je concède qu’aller « cafter » à ses patrons n’est pas si simple. Mais des fois cela peut aplanir la situation, de toute façon vous n’avez peut-être  plus rien à perdre. Cela peut-il être encore pire ?

–         Le conflit est avec votre hiérarchie : il va falloir passer par la hiérarchie de la hiérarchie, mais il est probable que vous ne l’emportiez pas (patrons et autres cadres ont logiquement tendance à rester souder). C’est à ce moment qu’on fait appel au représentant du personnel, au syndicat. Le cas échéant il reste l’inspection du travail. Pensez aussi à la médecine du travail.

–         La médecine du travail pourra vous arrêter pour maladie si besoin (dépression ou maladie psychosomatique) : Le psychologue pourra éventuellement, en fonction de son expertise, témoigner par écrit et objectivement (c’est-à-dire en relatant les faits cliniques) de votre souffrance mentale. Si pour vous le conflit reste inévitable et que cela va en justice, toutes les attestations que pourrez obtenir seront décisives.

–         Il reste la possibilité de changer de poste, d’emploi  : Mais cela n’est pas donné à tout le monde. Pensez à faire valoir vos droits à la formation : tout salarié cumule des droits individuels à la formation, qui lui permettent justement d’entamer une formation ; un bon moyen de couper plus ou moins les ponts avec l’entreprise ou le service et de donner un changement ou un coup de pouce à votre carrière. En parlant de formation, beaucoup de psychologues proposent des groupes de parole et de formation en lien avec la gestion des conflits au sein d’une équipe. Cela s’avère être un bon moyen d’augmenter la qualité et la production au travail, et ce, sans que cela coûte plus d’énergie psychique que d’habitude. Chers employeurs, ne vaut-il pas mieux prévenir que guérir ?

 Article publié dans le magazine « Belle », supplément du Quotidien, Ile de la Réunion.

Dr GOULOIS David, Psychologue, 974, Ile de la Réunion, 0693917865.

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