Comment faire son deuil ?

Comment faire son deuil ?

Les raisons qui amènent à faire un deuil sont multiples.

Elles peuvent être liées à la perte d’un objet, d’un idéal de vie (avoir réussi un concours, un examen, obtenir le contrat de travail désiré…), à la mort d’un animal, au décès d’une personne.

Chaque culture implique explicitement ou non, de faire son deuil en un temps donné.

Dans tout les cas, l’individu passe par différentes étapes et les vivra avec une intensité différente par rapport à quelqu’un d’autre.

Tout est question de passé infantile, de personnalité, de proximité affective avec la perte (être très proche comme dans le cas du décès d’un parent, ou alors moins comme dans le cas d’un voisin…), de conditions environnementales au moment du deuil (fatigue liée au travail, ambiance conjugale…), de présence ou non de soutien affectif (amis, collègues, famille…), et même de croyance (le fait de croire à un « paradis », de croire en des divinités, peut aider certaines personnes).

Alors comment « faire son deuil » ?

Déjà, la phrase populaire  en elle même est intéressante ; elle montre que chacun aura à faire un jour ou l’autre son deuil ; c’est finalement un processus qui sur le fond est banalisé.

Le pronom possessif « son », montre bien que chacun aurait un deuil à faire qui lui est propre.

Voilà pour le fond. Dans les formes, c’est bien plus compliqué ; en effet tout le monde ne fait pas son deuil de la même façon, ni ne l’exprime de la même manière. Et cela tend à déranger les « bons penseurs ». Vous les connaissez, ce sont ceux qui prétendent que leur façon de faire telle chose ou de vivre tel événement, est la seule et unique manière de réagir.

Toute autre serait « anomale ».

Comment faire son deuil ? 1

Que nenni…Ce n’est pas parce qu’on ne pleure pas, qu’on ne souffre pas. De plus les étapes de deuil citées ci-dessous, ne sont pas nécessairement vécues dans l’ordre en question. Parfois même, certains sautent des étapes, d’autres régressent. Ce qui veut dire que les émotions rattachées à ces moments ne sont pas exprimées nettement par tout le monde.

Quoi qu’il en soit un deuil « bien réalisé », est d’une longueur de 6 mois à 1 an.

Si cela dure plus longtemps, c’est que le deuil en devient pathologique (révélateur d’un souci psychologique). Après, le relativisme culturel m’oblige de nuancer mes propos : à La Réunion, du fait de croyances fortes envers les esprits, les ancêtres, (« esprits domouns morts », « z’âmes pas ramassées »…) qui peuvent ou non manifester leur présence parmi le monde du profane (le nôtre), le deuil d’une personne peut prendre d’avantage de temps. Et puis il y a souvent un temps de 40 jours à respecter avant de reprendre une vie plus ou moins ordinaire…

Bien que la croyance en un paradis « rassure » (un peu) et permet de se dire que de toute façon on y retrouvera l’être cher, pour certaines personnes, la « chiasse » (ou « mauvais œil », ou « guigne »), peut-être due certaines fois, à un mort qu’on n’aurait pas suffisamment honoré (tombe peu entretenue par exemple). Ce qui évidemment rallongera le deuil.

Certains croient en la réincarnation, ce qui est une façon d’envisager, comme dans le paradis, une vie éternelle. Dans les deux cas, ce sont les bonnes actions qui conditionne l’accès au paradis ou dans l’être à réincarner.

Bien entendu, vous devriez avoir plus de rapidité à vous remettre de la mort de votre poisson rouge, que de celle d’un proche.

Quoi que : les enfants, ne vivent pas les événements avec la même intensité que nous, les adultes ; le décès d’un poisson rouge peut-être vécu assez dramatiquement (expérience personnelle à la clef!) du fait de l’engagement facile, conséquent et quasi systématique dans la culture européenne, de l’enfant envers l’animal (le marmaille s’identifie beaucoup à son animal de compagnie ; ce dernier en devient un sorte de « substitut du doudou », compagnon d’écoute et de jeu  en sorte).

Bref, le deuil se fait en théorie selon un enchaînement d’étapes que voici et qui font appel au processus de résilience, c’est à dire la capacité à faire face à l’adversité :

  1. Choc, déni : cette courte phase du deuil survient lorsqu’on apprend la perte. On refuse d’y croire. C’est une période plus ou moins intense où les émotions semblent pratiquement absentes. C’est en quittant ce court stade du deuil que la réalité de la perte s’installe.
  2. Colère : sentiment de colère face à la perte. La culpabilité peut s’installer dans certains cas. Période de questionnements.
  3. Marchandage : phase faite de négociations, chantages… : « faites tout ce que vous pouvez pour sauver ma femme, je saurais vous remercier », etc…
  4. Dépression : grande tristesse, des remises en question, de la détresse. Les endeuillés dans cette phase ont parfois l’impression qu’ils ne termineront jamais leur deuil car ils ont vécu une grande gamme d’émotions et la tristesse est grande.
  5. Acceptation : La réalité de la perte est beaucoup plus comprise et acceptée. L’endeuillé peut encore ressentir de la tristesse, mais il a aussi réorganisé sa vie en fonction de la perte.

Bien entendu, la mort fait partie de la vie, mais ce n’est pas si simple.

Alors voir un psy pour faire son deuil ? Oui, si l’on en ressent le besoin de confier sa souffrance à quelqu’un de neutre. Et surtout s’il dépasse un an et que cette perte vous colle une dépression ou vous donne des envies suicidaires.

Le prêtre (toute confession confondues) pourra également être d’un bon secours. Les psy et la personne d’église, n’étant une fois de plus, franchement pas opposable, voire même complémentaire.

Il est conseillé également de ne pas conserver à sa vue, toutes les photos de la personne défunte. En mettre les 2/3 dans une boite, et les ressortir si besoin. Pour faire son deuil, il faut éviter d’avoir le défunt (ou même l’ex petit-ami duquel l’on vient de se faire larguer) tout le temps sous les yeux.

De même pour la chambre de la personne décédée : elle ne doit pas, comme cela est souvent le cas, rester dans son état d’origine : la vie continue, il faut la réaménager.

Il n’est pas question de se débarrasser de tous les objets rappelant le défunt, mais il faut qu’il puisse être totalement dans son monde à lui, celui du sacré. Chacun sa place. Les morts n’ont pas à être avec les vivants. Le passé, n’a pas à être « omniprésent ».

C’est évidemment très dur à faire, mais pourtant c’est la seule façon d’avancer et de ne pas faire sombrer vos proches avec vous dans la dépression.

Vous pouvez honorer votre défunt, avoir une pensée pour lui, à des dates bien précises, mais là encore que cela ne prenne pas des proportions trop grandes. Aller voir une tombe plus d’une fois par semaine et plus d’une demi-heure, me paraît excessif.

Il faut savoir que la meilleure façon d’honorer votre défunt, c’est de vivre, pour vous. Pas pour lui. C’est donc à vous d’être heureux, de vivre de bons instants car lui ne le peux plus.

Et si vous êtes croyants, pensez-vous que votre défunt, vous regardant dans haut, ne souffre t’il pas à vous voir souffrir pour lui, à vous voir « survivre » pour lui ? Serait-ce cette vie qu’il aurait voulu pour vous ? Je ne pense pas…

Enfin, ce ne sont pas les médicaments qui sont aideront à faire votre deuil ; le temps doit faire son office.

Une bonne chose à faire, est de ne jamais cacher à un proche, la mort prochaine ou les risques de mort d’une personne aimée. Même à un enfant. Il faut parler de la mort, avec chagrin s’il faut (il est normal de souffrir et il est normal de le montrer, et ce, dans l’idée de la faire partager).

Devant un enfant, pleurer de douleur est légitime. « Si mes parents pleurent, alors j’ai moi aussi le droit de pleurer ». L’important est de mettre des mots sur votre souffrance et sur la souffrance de l’autre, quitte à se faire aider par un professionnel  : comme je le dis volontiers aux enfants, « le psychologue c’est le docteur des gens qui sont tristes ». Et c’est aussi valable pour les grands.

GOULOIS David, Psychologue clinicien, psychothérapeute et sexologue, consultation au cabinet, St Pierre : 0693917865

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