Essentielle : L’examen gynécologique ; un moment qui n’est pas toujours facile : pourquoi ?
David GOULOIS : Cet examen est, comme toute exploration d’une cavité (bouche, anus, oreille, nez), une « intrusion » tant pour le corps que pour le psychisme. De fait, personne n’est franchement très à l’aise à l’idée de se faire « remuer » un orifice (et en l’occurrence ici, cette exploration n’a même pas lieu sous la coupe de l’excitation sexuelle).
Par ailleurs, si le praticien est un homme, chez certaines femmes cela peut compliquer la chose (et parfois c’est tout l’inverse!) en fonction de l’éducation reçue, d’un psycho-traumatisme éventuel.
Essentielle : Il y a-t-il des techniques pour mieux s’y préparer ?
David GOULOIS : Déjà, le praticien est censé faire tout ce qu’il peut pour mettre à l’aise sa patiente. Une communication avant, pendant et après l’examen, réelle, sincère et au delà de la simple pénétration du spéculum, est nécessaire. Du côté de la patiente, il faut qu’elle dédramatise la situation (ce qui reste tout de même très compliqué, voire impossible s’il y a eu un traumatisme sexuel passé ; auquel cas une psychothérapie s’impose)
Essentielle : Il est souvent question de violences gynécologiques. Qu’en est-il ?
David GOULOIS : Elles regroupent un examen, un geste clinique perçu comme violent par la patiente : des gestes trop brusques, des gestes réalisés sans en avoir informé préalablement la patiente, une conversation psychologiquement brutale, des propositions sexuelles de la part du clinicien…
Essentielle : Comment réagir face à ces situations ?
David GOULOIS : Dans un premier temps, il faut immédiatement en parler à son praticien. Après tout, il peut s’agir de maladresses de sa part et l’erreur est humaine. Par la suite, on peut chercher également un avis auprès de son conjoint, sa famille, ses amis et surtout, son médecin-traitant habituel. Si l’on considère être victime d’un abus médical et que le praticien ne s’explique pas suffisamment sur ce qu’il a commis, il convient de saisir le conseil de l’ordre des médecins. Éventuellement la justice si l’on souhaite réparation, notamment dans le cas d’une agression sexuelle. Les conseils d’un avocat et d’un psychologue sont vivement recommandés. Changer de gynécologue en qui l’on n’a pas confiance est évidemment impératif.
Essentielle :Quels sont les attitudes qu’il ne faut pas accepter de la part de son gynécologue ?
David GOULOIS : Ce sont finalement les marques de respect que l’on doit à tout à chacun. Par exemple, il n’a pas à crier ou tenir des propos diffamants, injurieux envers sa patiente, ni à lui faire des avances sexuelles. L’on n’oubliera pas d’ailleurs que le médecin est tenu au secret médical, ce qui veut dire qu’il n’a pas à communiquer vos informations en dehors de son équipe ou d’un autre professionnel de santé auprès de qui il requiert un avis médical sur votre cas. Le code de déontologie médical permet de se donner une idée de ce qui est attendu d’un praticien ; ce code est souvent disponible sur internet et peut également se demander auprès du conseil de l’ordre.
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