Ne pas prendre partie entre maman et papa

Ne pas prendre partie entre maman et papa

Lorsque les parents se séparent, il arrive que l’enfant (parfois incité par un adulte), prenne le parti d’un de ses parents. C’est-à-dire qu’il va, volontairement ou non, agir exclusivement dans le sens du parent « aimé » et contre le parent « moins aimé ou haï ».

Cela se traduira, inconsciemment ou non, par une attitude de rejet, par des comportements agressifs envers le parent incriminé…L’enfant répond sèchement, s’oppose à vous, au nouveau conjoint, refuse de manger, fait des « scènes », voire des caprices et du chantage affectif….

Lors de la séparation parentale, la prise de parti de l’enfant, c’est un peu comme un moyen de défense mental, pour éviter une souffrance trop intense. Ainsi, ayant perdu les repères d’autrefois (lorsque les parents étaient encore ensemble et quand le couple semblait indestructible) il choisira donc de préserver une partie de sa vie plutôt que de tout mettre en péril : la peur de se sentir rejeter des deux côtés en sommes…Ainsi stratégiquement, mieux vaut pour lui (pourrait-il se dire) choisir celui qui semble le plus (mais par forcément le mieux d’un point de vue du psychologue) répondre à ses désirs. Céder aux caprices de l’enfant, par culpabilité ou pas envie manifeste de « le mettre dans sa poche » est très néfaste…Le divorce parental n’exclu par aux parents, de faire leur job : s’opposer et sanctionner le gamin quand il le faut.

Certains enfants arrivent à ne pas prendre parti : il s’agit des enfants qui auront été suffisamment écartés par les parents du conflit conjugal.

Ils ne sont pas nombreux.

Prendre parti aura pour conséquence directe, la difficulté des relations avec le parent concerné. Au parent après, de penser qu’un enfant n’a pas le recul d’un adulte face aux événements ; l’enfant tout « émotif », ne peut que difficilement prendre de la distance avec ses sentiments. Dans la mesure du possible, faire part des difficultés avec l’ancien conjoint serait la meilleur solution. Que l’ancien compagnon, remette « à sa place » l’enfant. Le cas échéant, le psychologue pourra faire comprendre certaines choses à l’enfant.

Cette mise à distance d’un parent par l’enfant, fait souvent bien l’affaire de l’autre parent. Quelque part, le parent non-incriminé, peut jubiler et en retirer un satisfaction bien humaine…Le sadisme.

« Tu m’as fais mal dans la séparation, alors tant mieux si tu souffres à travers l’enfant ! », pourra t’on entendre.

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Ainsi c’est bien le côté infantile du parent non-incriminé qui est satisfait. En avoir conscience pourrait permettre (même si ce n’est pas si simple) de ne pas trop ternir l’image de l’autre parent. Pour se construire sereinement, l’enfant doit dans la mesure du possible, garder des images parentales positives…Au risque d’avoir potentiellement plus tard, des difficultés, soit identitaires, soit conjugales, soit familiales…

Chacun sa place.

Critiquer ouvertement son ancien compagnon devant l’enfant, n’aide alors pas les choses.

Aussi, les parents et le reste de la famille (grands-parents notamment) auraient bien intérêt à ne pas mêler l’enfant aux problèmes des grands.

Maturité et responsabilité doivent alors régner.

Du côté des enfants comment ne pas prendre partie ?

  • Des affaires de grands : laisse-les se débrouiller entre eux, ne te laisse pas emmener dans des discussions qui critiquent l’un de tes parents. Dis-le fermement si tu ne veux pas entendre. Ne joue pas à l’avocat de tes parents non plus. Pas question que tu joues au détective privé pour l’un d’eux ; refuse de questionner, de prendre des informations concernant l’un de tes parents, à la demande de l’autre.
  • Communiques : dis ce que tu ressens, ce que tu as sur le cœur. Tes peurs mais aussi ce qui tu aimes ou n’aimes pas qu’il se passe, qu’il se dise.
  • Ne t’oublies pas : ne te fais pas passer après tes parents : du moins, ne commence pas à jouer au parent de tes parents ! Tu es jeune, occupe-toi de tes préoccupations de jeune. Ne minimise pas tes désirs, tes envies, et comme je le disais plus haut, exprime toi, et au fur et à mesure : n’attend pas que cela « parte en vrille » pour dire ce qui ne va pas.
  • Parle-en aux autres : tes copains, tes cousins, ont peut-être vécu les mêmes choses que toi (ou presque). Demande leur comment ils ont fait et prend le temps de réfléchir à tout ça.
  • Pleure : si tu as besoin, n’hésite pas.
  • Pas de haine : n’en veux pas à l’un comme à l’autre..Les adultes sont souvent maladroits et égoïstes quand ils souffrent. Pardonne leurs faiblesses. Tu n’es pas parfait non-plus…
  • Fais-toi aider : demande à voir un psychologue, l’infirmière scolaire, le médecin de famille si tu as besoin. Ce n’est pas être fou que d’aller voir ces personnes. Mais si tu souffres, ils seront-là pour toi.

Publié dans le magazine « Belle », supplément du journal « le Quotidien », ile de la réunion.

Dr David GOULOIS : docteur en psychologie, psychologue, psychothérapeute et sexologue sur l’Ile de La Réunion

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