Etre au milieu dans la fratrie :

Etre au milieu dans la fratrie :

On le sait, dans une fratrie, les choses ne sont jamais très simples.

Et ce, quels que soient les âges, les cultures, les générations…

Si l’ainé et le benjamin soufrent souvent d’être les deux extrêmes de la fratrie, le « puiné » (ou cadet), au milieu de tout ça, n’a pas pour autant la vie toute « rose ».

Petit tour de la question :

  • Vouloir être comme l’ainé : lorsqu’on idéalise le modèle de la fratrie (l’ainé, le risque est de se croire incapable d’arriver à sa hauteur ; le risque est donc de se renfermer sur soi, ou de se mettre la pression inutilement. Le cadet peut donc avoir des difficultés à trouver sa place dans la famille et donc avoir des difficultés à trouver son « identité ». Il aura peut-être tendance à se chercher un peu plus longtemps, ou a passer par une affirmation de soi un peu plus rebelle. En sachant que la rébellion peut prendre plusieurs formes : la passivité en est notamment une.
  • Pas le cobaye des parents : celui du milieu n’aura pas à subir les « essais et erreurs » de ses parents : souvent les parents avec le premier enfant, sont « largués ». Pas simple ce nouveau job de parents. On a peur de briser la petite chose fragile qu’est ce nouveau né et l’on tombe facilement dans l’hyper-protection du marmaille. Avec le premier, à la moindre maladie (rhume, ou autre) on le fera dormir avec soi : pour rassurer l’enfant, mais aussi très franchement pour se rassurer aussi en tant que parent. Il a de la fièvre ? Hop, direction les urgences de l’hôpital. L’on peut dire que le cadet, bénéficie donc des « expérimentations » réalisées sur son ainé. Il est en général plus tranquille de ce côté-là.
  • Mais revers de la médaille : les parents sont peut-être moins attentifs aux besoins du second : ce qui est une bonne chose mais à l’extrême peut être néfaste. Le risque des parents est de trop relâcher la pression au cadet ; pression à minima nécessaire puisqu’elle participe au cadre (contenant les règles, le fonctionnement de la famille auxquels il convient de se plier si l’on veut être reconnu et prendre sa place dans la famille). Cadre d’une importance primordiale pour le devenir de l’enfant.
  • Victime des comparatifs : « Tu as vu ? L’ainé marchait à 8 mois, alors que lui (le cadet) ne marche par encore à 1 an ». Les parents auraient tout intérêt à ne peux attendre du deuxième enfant une copie conforme du premier ouvrage. Les comparatifs entre enfants créés des tensions dans la fratrie et donne aux enfants un sentiment de toute puissance ou au contraire de grande faiblesse. Et ne pensez pas que les enfants de comprennent pas : à 8 mois l’on ne comprend pas les mots, mais l’on interprète l’intonation de la voix, l’attitude des parents. Les enfants sont loin d’être idiots. Et d’une façon générale, les « murs ont des oreilles »…
  • Le cadet, un rebelle ? l’ainé semble plus réfractaire au changement de son environnement que le cadet. Comme s’il voulait à l’arrivée du nouveau, défendre sa position, son rang dans la famille. Le cadet serait plus souple, plus adaptatif et aurait tendance à être davantage rebelle : envie de bouleverser l’ordre établi, voire de détrôner l’ainé. Dans ce cas, il ne faut pas s’étonner des conflits dans la fratrie. Maintenant il ne faut pas non plus faire une généralisation. Chaque famille à son histoire et par conséquent chaque individu aussi.
  • Les vêtements, les jouets donnés au cadet : si cela ne pose pas trop de souci pour des enfants jeunes, une fois l’adolescence, il faut éviter de donner les habits de génération en génération : il est important, en particulier à l’adolescence d’avoir ses propres affaires et par ailleurs d’être « au goût du jour ». Il est aussi essentiel d’être soit, et ne pas revêtir la seconde peau (qu’est l’habit) de mon frère ou de ma sœur. « La barbe » d’avoir son frère ou sa sœur toujours sur le dos !
  • Jalousie du cadet : certains cadets sont jaloux des « avantages » dû à l’âge dont bénéficie l’ainé. Ils ne le comprennent pas forcément et vont réclamer davantage de démonstration d’amour prétextant en recevoir moins que les autres. Dans ce cas la seule solution reste la communication afin de restaurer la confiance entre parents et cadet. Confiance que le cadet n’accorde plus pour le moment : il se sent en danger de perdre l’amour de ses parents et l’ainé est donc tout simplement un concurrent ! Ainsi ce qui peut passer pour un caprice du cadet est peut-être une réelle peur d’abandon.
  • Chacun sa route, chacun son chemin : Et passe le message…à ton frangin : ce qui compte avant tout ce n’est pas la place qu’on a obtenu « malgré soi » dans la famille. C’est celle que l’on prend soi-même. Mais les parents peuvent y aider : ainsi les parents doivent alterner les positionnements entre les membres de la fratrie : mélanger un peu leurs attentes vis-à-vis de chacun, en restant dans la mesure du raisonnable bien entendu. Par exemple, demander au benjamin des responsabilités qu’il peut tenir à son âge, mais toutes aussi importantes pour la famille, que celles que l’ainé à l’habitude de remplir. Et pourquoi pas, accorder à l’ainé la souplesse qu’on accorde au benjamin…Et a celui du milieu, lui permettre de naviguer entre ces différentes positions. Il faut valoriser le cadet sur ce qu’il est : mettre en avant qu’il a ses « trucs à lui », ses domaines de spécialités, qu’il réussi des choses mieux que les autres membres de la famille car « spécialiste » du domaine en question. Les membres d’une famille ne doivent pas se ressembler en tous points : au contraire, c’est l’apport de chacun par ses différences qui transmet la vitalité et enrichie les membres du clan.

Lexique :

  • Ainé : le premier de la fratrie
Etre au milieu dans la fratrie : 1
  • Benjamin : le dernier de la fratrie
  • Cadet : tous les enfants nés après l’ainé (le puiné est donc aussi un cadet)
  • Fratrie : l’ensemble des frères et sœurs de la famille
  • Puiné : celui né après l’ainé

Pour aller plus loin :

  • Leglise Nicole, Etre l’enfant du milieu ou comment être seul dans une fratrie, l’Harmattan, 128 pages, environ 15 euros.
  • Rufo Marcel, Frères et sœurs ; une maladie d’amour, Livre de poche, 283 pages, environ 7 euros.

Article publié dans « Belle », supplément du « Quotidien », Ile de la Réunion

Dr David GOULOIS : docteur en psychologie, psychologue, psychothérapeute et sexologue sur l’Ile de La Réunion

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