Divorcés et si on essayait de les éduquer « ensemble » ?

Divorcés et si on essayait de les éduquer « ensemble » ?

L’éducation de l’enfant, doit idéalement se réaliser à l’aide des deux parents. Que les parents soient un homme et une femme, deux femmes ou deux hommes, les grands-parents, ou  un oncle et une tante…Bref, l’enfant a besoin de repères, de modèles adultes pour se construire, pour s’identifier. Petite aparté, ce n’est parce qu’un enfant est élevé par un couple homosexuel, que l’enfant sera lui-même homosexuel. C’est plus compliqué que cela. L’enfant s’identifie à la posture psychique que prend le parent. Ainsi un père ayant une attitude plus féminine (et cela ne veut pas dire homosexuel non plus), aura des traits plus féminins. Donc une femme homosexuelle ayant une posture masculine, pourra sans problème transmettre une identité masculine.

L’on voit bien que l’identité d’un enfant, en tout cas dans notre culture, notre société, se transmet à l’aide de deux parents, quel que soit le genre sexuel de ces derniers.

Ainsi l’éducation d’un enfant est principalement l’œuvre d’un travail d’équipe : tout seul, c’est plus difficile. Tout simplement parce qu’il est assez compliqué de tenir à la fois une posture de père et une posture de mère. C’est possible, mais vraiment pas donné à tout le monde. De toute façon, je crois que les personnes monoparentales qui élèvent correctement leurs enfants, font appel souvent sans le savoir, à des « tiers » : oncle, tante, grand-parent, voisin, ami…

Qu’est-ce qu’éduquer un gamin correctement ? C’est lui transmettre les interdits sociaux (vol, meurtre, viol, inceste…) et lui transmettre les valeurs de la vie en société (respect d’autrui, partage, entraide, tenir ses promesses, sens du mérite, de l’effort…). En gros, s’il on arrive à faire passer ces bases à l’enfant, il y a de fortes chances que l’enfant reste sur le droit chemin.

Après, l’on est pas responsable de toutes les mauvaises rencontres que le jeune pourrait faire ultérieurement. Mais si l’on a inculqué ces valeurs ci-dessous, à travers la communication, la sanction et la valorisation, et non à travers les cris excessifs et les coups, l’on pourra s’estimer ne pas être de « mauvais » parents. Je le rappelle : donner le toit, le manger et les habits, ne suffisent pas. Sans affection (câlins, mots tendres, respects des goûts, de certains souhaits de l’enfant…) vous pouvez toujours « courir ».

Bref, ce qui est normalement instauré au sein du couple parental, doit se perdurer même si séparation il y a. Aussi l’enfant a besoin :

  • De parents « intelligents » : ne pas se centrer sur sa propre douleur ; il n’y a pas que vous qui souffrez de la rupture, sans aucun doute l’enfant aussi : même l’enfant battu, peut souffrir de l’absence du parent maltraitant…Ne pas mêler l’enfant à vos histoires de grands : « ton père est un con », « ta mère est une salope » sont à éviter. Encore une fois, même si prononcés dans le dos de l’enfant, n’oubliez pas qu’un enfant à les oreilles qui trainent partout : souvenez-vous, petit vous écoutiez aux portes, ou en haut de l’escalier, les conversations des grands…
  • De parents responsables : l’enfant n’a pas été conçu par l’opération du Saint Esprit. Même si vous vous prénommez « Marie ». Aussi les géniteurs de l’enfant doivent s’impliquer est devenir et/ou rester parent. A titre d’exemples : Madame doit laisser la place au Monsieur dans l’éducation de l’enfant : cet homme n’est sans doute pas parfait puisque vous l’avez plaqué, mais l’enfant à besoin de maintenir un lien avec son père, sauf si ce dernier s’avère être violent ou malsain (mauvaises fréquentations…). Madame ne doit pas se mettre dans la tête qu’elle doit éduquer son enfant comme s’il s’agissait d’une épreuve qui lui était apportée pour mesurer sa capacité à être une potentielle Sainte…Madame votre enfant « poussera tord », et votre béatification vous passera de toute façon sous le nez. Monsieur, responsabilisez-vous : pas question de laisser Madame assumer tout, toute seule. Etre père ce n’est pas être là que pour les bons moments : c’est aussi participer à la transmissions des valeurs citées plus haut. N’entendez pas avoir plus tard une bonne relation avec votre enfant si vous n’épaulez pas votre « ex » dans l’éducation : vous permissivité, ou pire votre non-implication se retournera contre vous. Par ailleurs, l’enfant doit pouvoir s’il le veut, téléphoner à ses parents. Ainsi, dans la mesure du possible les liens parentaux ne doivent pas être rompus.
  • Cela n’empêche rien : la séparation n’empêche pas une bonne relation avec les enfants, pour peu que les parents fassent preuve de raison. Cette séparation n’empêche pas non-plus de refaire sa vie. Il convient cependant d’être « certain » de son nouveau partenaire, d’être « certain » de la durée de cette nouvelle relation, avant de présenter le « nouveau » à l’enfant. Sinon cela sera très déstabilisant, et votre enfant pourra s’identifier à l’idée qu’être grand, c’est avoir des relations amoureuses instables. Mais vous devez penser aussi à vous : avoir un nouveau partenaire, peut être intéressant pour l’éducation et vous permet aussi de vivre votre vie d’homme, de femme. Si vous êtes heureux, il y a des chances que votre enfant le devienne aussi. Maintenant, l’introduction d’un nouveau parent (ti père, ti mère) n’est jamais simple, mais toujours possible…
  • Pas de manipulations : ne liguer pas l’enfant contre l’autre parent. L’enfant n’est pas un jouet. Cela se retournera toujours contre vous. C’est systématique, le temps fera son œuvre. Et n’en voulez pas à l’enfant qui préfère rester avec l’autre parent. La loi, lors d’une décision juridique accorde très souvent la garde principale à la mère : en effet, sauf expertise psychologique disant le contraire, on estime qu’un enfant à besoin dans les premiers temps de sa vie, d’avantage de sa mère. Mais cela n’exclue en rien la place et le rôle du père. D’autant qu’il y a le principe des gardes alternées.
  • Le problèmes de la garde : seul le juge peut statuer sur la garde de ou des enfant(s). Aussi, avant jugement, le père a exactement les mêmes droits sur l’enfant que la mère. Hors de question donc, qu’un parent décide de garder d’avantage l’enfant que l’autre parent. C’est tout bonnement interdit, et cela lors du jugement de l’attribution des gardes, cela pourrait être en votre défaveur. Mieux vaut prendre conseils auprès d’un avocat, lors de situations que vous jugez dangereuses ou malsaines pour l’enfant. A savoir qu’il existe des maisons de la justice un peu partout dans l’île qui donnent des conseils juridiques gratuits. Concernant la garde des enfants, il me parait plus stable pour l’enfant d’effectuer une chronologie fixe. Quoi qu’il en soit, il faudra toujours demander à l’enfant son avis et en tenir compte.
  • La pension alimentaire : elle sera calculée par le juge. Aucunement par vos soins, sauf accord à l’amiable. Elle sert à couvrir les besoins de l’enfant (éducation, vêtements, loisirs, nourriture…). Légalement vous êtes obligé de verser la pension alimentaire tant que l’enfant est dans le besoin (y compris la poursuite d’études). Problème : beaucoup de parents ne la verse pas. Il est pourtant légitime qu’elle soit versée, puisqu’encore une fois cet enfant n’a pas été conçu tout seul. Et en général un juge ne fais pas de favoritisme : s’il décide tel ou tel montant pour la pension, c’est bien que l’enfant en a besoin. Il existe ainsi des recours juridique. N’hésitez pas un consulter un juriste. Toutefois, une loi récente impose le versement de la pension alimentaire à la CAF, elle-même versant quoi qu’il se passe (paiement ou non du créditeur) à l’intéressé. La CAF se retournera contre le mauvais payeur.

Lexique :

  • Encoprésie : l’enfant ayant acquit l’âge de la propreté fait ses besoins, souvent involontairement, dans des endroits et moments inappropriés.
  • Enurésie : même chose que l’encoprésie, mais il s’agit d’urine. Souvent, il s’agit d’une problématique nocturne.
  • Genre sexuel : c’est le fait d’être physiologiquement une femme ou un homme : pénis, testicules…ou vulve, ovaire… Remarque, avoir les deux sexes est rare mais possible : c’est l’hermaphrodisme. Cela n’a rien de bizarre, dans la nature il y a la même chose.

 Publié dans le magazine « Belle », supplément du « Quotidien », Ile de la Réunion

Dr David GOULOIS : docteur en psychologie, psychologue, psychothérapeute et sexologue sur l’Ile de La Réunion

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