Ados poser des limites ou passer au chantage ?

Ados poser des limites ou passer au chantage ?

L’adolescent est un être un peu à part dans l’évolution de l’espèce humaine.

Individu en changement, ce qui caractérise notamment ce « mutant », c’est son esprit de contradiction assez fort.

Par ailleurs, l’ado peut être sur le fond d’accord avec l’adulte, mais parfois, juste pour le besoin de contredire (pulsionnel et donc incontrôlable), de marquer sa différence avec l’adulte, il ira dans le sens opposé.

L’ado c’est bien quelqu’un qui veut à la fois avoir un statut d’adulte, donc lui ressembler, et en même temps, c’est un individu qui rejette l’adulte et souhaite conserver ce statut un peu infantile.

Bref, bien paumé qu’est notre ados. Bien fatigués que sont les parents.

En gros il ne sait pas bien ce qu’il veut. Et comme il ne sait pas bien ce qu’il veut, il faut bien qu’il y en est qui sachent pour lui.

Ados poser des limites ou passer au chantage ? 1

C’est bien le job des parents de diriger le gamin dans son existence. Diriger ne veut pas dire tout contrôler : il s’agit simplement de lui éviter de se faire trop mal quand il sortira du « droit chemin ».

Parce qu’il faut bien qu’il en sorte du droit chemin : c’est à cet âge que l’on fait ses expériences les plus « timbrées ».

Après, vous en conviendrez, avec les responsabilités d’adulte c’est un peu plus compliqué.

Donc s’il y a bien une période de sa vie où il est permis de « faire le con » c’est bien à cet âge.

Après, tout est question de degré dans la bêtise : tout ne doit pas être permis.

Les alcoolisations et les pétards de zamal ne sont pas bien grave à cet âge là, si, et je dis bien si :

  • Votre enfant ne met pas sa vie en danger ou celles d’autres personnes.
  • Votre enfant ne néglige pas sa santé
  • Votre enfant ne néglige pas sa vie sociale
  • Votre enfant ne néglige pas sa scolarité

Le fait que votre enfant se roule un joint une fois par semaine ou se saoule le week-end avec ses copains ne fera pas de lui nécessairement un toxicomane. C’est sur, dans ces moments, en tant que parent on s’arrache les cheveux. Toutefois, votre gamin aura 40 ans, vous vous les arracherez toujours (s’il vous en reste). Un peu moins cependant, si vous avez bien fait votre job lorsqu’il était adolescent.

Alors en quoi consiste ce job ?

Apporter un cadre :

Les règles de la vie à la maison, à l’école ou en dehors doivent être respectées. Le cas contraire, pas de pitié, il faut sanctionner (proportionnellement tout de même).

Pas rentré à l’heure ? Interdit de sortie pendant deux semaines. En général, cela fait effet.

Pour revenir à l’alcool et au zamal : votre enfant doit se responsabiliser dans sa consommation : pas avant de conduire, pas excessivement, pas avec n’importe qui, pas n’importe où… D’où l’intérêt d’en parler plutôt que de faire l’autruche et se dire que votre gamin n’y sera jamais confronté, ou faire comme si vous ne saviez pas qu’il consomme. Pour qu’un gamin devienne responsable, il a besoin de parents responsables.

Laisser transgresser le cadre :

La maison ce n’est pas une caserne militaire…Même s’il faut respecter le cadre, de temps en temps (exceptionnellement) on peut autoriser certaines choses : c’est l’anniversaire d’Anthony, le beau gosse du collège qu’elle « kiffe trop »…Mais si maman, rappelle toi, elle te l’a dit.

On peut l’autoriser à rentrer une heure plus tard. Exceptionnellement. A circonstances exceptionnelles, réponses exceptionnelles.

Passer un pacte :

C’est un contrat. Il faut que les deux parties soient d’accord et qu’elles y gagnent. « Je te laisse dormir chez ta copine, si… ». A vous de voir quoi y mettre derrière le « si ». Mais restez proportionnel encore une fois.

Et le chantage :

Céder ou non au chantage ? Le chantage met celui qui l’initie dans une position de force. A l’inverse du compromis (« si tu me donnes ça, je te donne ça ») le chantage implique l’affectif négatif.

En gros, c’est un compromis dans la douleur qu’on peut traduire ainsi : « si j’ai pas le droit de faire ça, eh bien je te ferais du mal (quitte à me faire du mal à moi pour que tu souffres) ».

Le chantage est a bannir. C’est le poison de toute relation familiale.

Ne cédez pas au chantage. A l’inverse du compromis, un chantage en appelle un nouveau.

Si vous cédez au chantage, la loi à la maison de régnera plus. Ou alors ce sera la loi du plus fort et non du plus juste. Et cette loi du plus fort, amène forcément à des dérives.

Le chantage c’est la porte ouverte aux transgressions les plus fortes, les plus dangereuses. Toute tentative de chantage doit être avortée, quitte à faire souffrir et à faire souffrir l’autre sur le coup. Mais ce sera alors un mal pour un bien.

Affirmer sa position parentale, affirmer son autorité (sans devenir un tyran) c’est montrer qui commande à la maison. L’adolescent qui vous pousse au chantage, essaie d’éprouver votre amour pour lui. Pas la peine de céder puisqu’il doit être certain d’avoir votre amour même dans le refus. Refuser à son enfant, pour son bien, c’est une preuve d’amour. Tout céder, c’est ne pas être sur de soi-même, c’est vaciller : hors l’adolescent à besoin de repères assez stables, en sommes d’un parent bien dans sa tête. Si vous cédez au chantage c’est que vous ne voulez pas souffrir vous-même en faisant souffrir votre enfant. En sommes vous ne faites pas la différence entre vous et lui.

A travers votre enfant, c’est votre propre enfance qui remonte à la surface. A ce moment, il est bon de se remettre en question.

Le devenir de votre enfant, futur adulte en dépend.

Article publié dans le magazine « Belle », supplément du « Quotidien », Ile de la Réunion

Dr David GOULOIS : docteur en psychologie, psychologue, psychothérapeute et sexologue sur l’Ile de La Réunion

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