Les stimulants sexuels et aphrodisiaques sont des mythes

Les stimulants sexuels et aphrodisiaques sont des mythes

Les stimulants sexuels et aphrodisiaques sont des mythes 1

Essentielle: A quoi servent les stimulants sexuels?

GOULOIS David: Ils permettent, paraît-il, à un individu d’augmenter ou de retrouver le désir ou les sensations autour de la sexualité. Ils sont souvent utilisés dans les problèmes de « panne » du désir ou du plaisir.

Essentielle: Les stimulants destinés aux femmes sont-ils efficaces?

GOULOIS David: Ils peuvent aider à la prise de plaisir mais moins que chez l’homme car le plaisir de la femme naît surtout d’un bien être physique. On a voulu faire croire aux femmes qu’elles pourraient avoir autant de plaisir que les hommes en utilisant des produits similaires, mais c’est oublier que les femmes ne fonctionnent pas comme les hommes.

Essentielle: Ils ne servent pas à grand chose donc?

GOULOIS David: Ces produits n’ont encore que très peu de crédit scientifique. L’argument semble davantage commercial ou culturel. On évoque, dans le monde scientifique, la possibilité d’un effet placebo (…).Les aphrodisiaques permettent plus ou moins de lutter contre la fatigue physique voire émotionnelle, mais n’agissent pas sur la libido directement. C’est un mythe.

Essentielle: Quelle est la différence entre un stimulant sexuel et un aphrodisiaque?

GOULOIS David: On entend par stimulant un produit qui favorise les sensations corporelles lors des relations sexuelles (par exemple, le Viagra pour feme). Un aphrodisiaque est un produit qui favorise le désir d’un rapport sexuel (ginseng, gingembre…).

Essentielle: Les stimulants sont-ils populaires auprès des femmes?

GOULOIS David: Non car le marché et les produits sont nouveaux. Et la reconnaissance ainsi que l’acceptation du désir et du plaisir de la femme est nouveau. Par ailleurs, il existe encore des tabous culturels qui ne favorisent pas l’émergence de questions autour de la sexualité chez la femme.

Essentielle: A quel moment une femme peut-elle envisager d’utiliser des stimulants?

GOULOIS David: Si on met de côté un problème médical, une femme qui n’a pas de désir, c’est une femme qui n’est pas bien psychologiquement et très souvent, cela a un rapport avec le couple ou avec un traumatisme psychique. Si une femme n’a pas de plaisir (sauf raison gynécologique), c’est qu’elle n’a pas de désir. Cependant, prendre ces stimulants peut avoir un intérêt placebo. Mais ils coûtent très chers (…) et on les achète sur internet où les contrefaçons, avec les risques que cela implique pour la santé, sont monnaie courante. Enfin, pour une femme, avoir des rapports sexuels alors qu’initialement elle n’en a pas envie, c’est prendre une drogue pour faire plaisir à son compagnon ou pour se rassurer tout simplement, ce qui est un manque cruel de respect de soi, presque psychiquement assimilable à un viol. Car une fois que le produit a fini de faire son effet (s’il en fait un), il faut assumer le retour du mal-être quotidien qui avait amené à cet absence de désir.

Essentielle: Au final, ça ne stimule que le mal-être?

GOULOIS David: C’est comme si la personne devait boire ou prendre du GHB (substance communément appelée « drogue du violeur ») pour se désinhiber ou, en tout cas, ne pas s’opposer au rapport sexuel. Le contrecoup psychologique peut être très dur à vivre. C’est aussi mentir à son partenaire, en créant un désir artificiel, car finalement, l’homme n’est désiré que grâce à ces substances. Ces produits n’arrangent donc rien au problème de départ et peuvent même l’aggraver.  De plus, ils font du désir de la femme et de cette dernière, des outils marketing.

Paru dans le magazine Essentielle, Ile Maurice, Mai 2015.

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