Des notes ou pas à l’école ?

Des notes ou pas à l’école ?

Notre société est faites de classifications, d’évaluation en tous genres. Elle nous impose la compétition entre nous et la notation permet d’y répondre.

Au-delà des appréciations, la notation est incontournable et donc devenue importante, puisqu’on ne peut obtenir de diplôme, et donc de métier sans avoir eu de notes.

Cependant les notes ont un sens à partir d’un certain âge, vers l’adolescence. C’est à cet âge que l’enfant passe son premier diplôme. En dessous, l’on peut se questionner à propos de l’intérêt et de l’impact de ce système sur le devenir psychologique des enfants…

Les notes, que ce soit de 0 à 20 ou de A à F, sont réductrices. Elles marquent au fer rouge l’enfant, encore trop jeune pour prendre du recul par rapport à cette étiquette qu’on lui colle. Par ailleurs, cela peut inciter certains parents, pensant bien faire, à devenir trop exigeant concernant les résultats scolaires.

Il s’agirait, par ce système de notations de « déceler » les faiblesses d’une enfant pour alors corriger ses défauts et le remettre dans le circuit de la norme.

Sauf qu’il paraitrait plus important, pour certains enseignants et par ailleurs certains psychologues, de se poser une seule et bonne question : en école maternelle et primaire qu’est-il vraiment le plus important pour aider l’enfant dans sa construction ?

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Certes avant l’entrée au collège, il faut que les savoirs comme lire, écrire, compter, la sociabilité, la motricité, soit acquis. Mais de là, à noter un gamin de 10 ans c’est déjà lui voler une partie de son enfance et le confronter trop rapidement au monde adulte.

C’est ainsi que la France, comme à son habitude, très en retard sur les pays scandinaves et d’Europe de l’Est (l’Allemagne notamment), propose à nos enfants un système scolaire qui n’a pas beaucoup évolué depuis bien des années.

Ne faudrait-il pas revenir aux fondamentaux ? Qu’on donne davantage d’heures à nos enseignants et de budget pour leur permettre d’initier bien plus régulièrement nos gamins à l’astronomie, la physique, la chimie, la musique, l’art, la nature…

L’on a tendance à oublier qu’en stimulant de ces côtés-là, l’apprentissage « scolaire » cité plus haut devient plus facile : plus simple de faire apprendre les tables de multiplication à un enfant en faisant un parallèle avec une activité de découverte des insectes que de l’apprendre bêtement au dos des cahiers de brouillon…

Alors les notes avant le collège, ça sert à quoi ? A rassurer les parents sur la normalité de leurs descendance, à rassurer les enseignants sur leur capacités à transmettre des savoirs, à rassurer l’éducation nationale française qu’elle n’est pas à la traîne par rapport aux autres pays européens, à rassurer la société sur la compétitivité des ces citoyens face au monde…

C’est qu’il faut être compétitif maintenant. C’est indéniable, le monde des adultes et fait de compétition. Et beaucoup moins de l’entraide. On comprend la nécessité de s’aligner sur, voire même de dépasser nos autres concurrents mondiaux.

Mais à l’âge de la premier enfance, avant le collège, cela peut franchement se remettre en question. L’important pour la construction d’un enfant de cet âge, c’est tout l’intérêt qu’on peut lui transmettre concernant le monde qui l’entoure. Faut-il déjà donner le stress de la peur de l’échec aux marmailles ? Qu’on ne s’étonne pas de l’envole des prescriptions d’anti-dépresseurs pour enfants. Par ailleurs ce système de notation hiérarchise déjà les enfants en les catégorisant : très bon, bon, moyen, mauvais…C’est peut-être creuser davantage encore le fossé des inégalité sociales et le « chacun pour soi » ambiant.

Ce qui me fait dire au final que les parents ont bien un rôle d’une grande importance et que l’école n’est qu’un allié dans la construction de l’être. On le voit, l’éducation nationale actuelle a ses limites. Elle ne peut que de façon limitative ouvrir sur le monde (la nature, les autres cultures, la philosophie…). Pourtant c’est en ouvrant l’enfant sur ce monde, qu’il se fantasmera dans un métier et qu’il sera motivé au travail scolaire. Quelque part l’éducation nationale, replace ainsi les parents dans leur fonction initiale et leur rappelle leur job de papa et de maman : celui de faire grandir leurs propres enfants.

Article publié dans le magazine « Belle », supplément du « Quotidien », Ile de la Réunion.

Dr David GOULOIS : docteur en psychologie, psychologue, psychothérapeute et sexologue sur l’Ile de La Réunion

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