Sexe violent ?

Sexe violent ?

Et si on essayait le rough sex (sexe violent) ?

Essentielle : Dans l’imaginaire depuis le succès de 50 nuances degré, chacun a sa petite idée de ce qu’est de faire l’amour autrement. Mais le rough sex, c’est quoi ? Est-ce aussi violent ?

David GOULOIS : C’est la pratique du sexe, hard, entendu violent. Maintenant, il y a des degrés dans la violence et le niveau de tolérance est variable selon chacun, car dépend de fantasmes individuels : fellation brutale, cunnilingus mordant, arrachage des habits, plaquage contre la table du salon, tirage de cheveux…C’est à différencier du sado-maso, où là, la sexualité est dure, brutale, mais pas intense dans le sens de rapide ou rustre. Le sado-masochisme, est plus calculé, moins instinctif (fouet, fessées, pince au tétons…).

Essentielle : Faut-il un programme pour le pratiquer ? Ce qui est permis, ce qui ne l’est pas ?

David GOULOIS : En France, et globalement en Europe, tout est permis du moment que les partenaires se respectent et ne vont pas jusqu’à l’homicide ou la mutilation sous la contrainte. De même que la pénétration violente ne doit pas se transformer en viol. Tout est donc une question de consentement. La pratique est risquée, car si madame (par exemple) porte plainte, cela sera bien difficile pour monsieur de s’en justifier. De même la pratique de l’étouffement (strangulation…) peut vite tourner au cauchemar. Donc cette pratique rough, doit être progressive (pour que le partenaire qui reçoit, puisse voir les choses s’enchainer et ainsi mieux les gérer et s’y opposer au besoin ; en tout cas, au moins la première fois) et il faut se mettre des limites à la satisfaction de sa propre excitation.

Essentielle : Qu’est-ce que ce piment peu apporter au couple ?

David GOULOIS : En étant brutal, on libère l’animal, le primitif en soi. Il s’agit de franchir une barrière que souvent le couple s’est inconsciemment mis du fait de l’éducation et des normes sociales (plutôt axées sur la douceur des rapports, dignes de la civilisation, et non du règne animal ; c’est pourtant oublier que l’humain est un animal parmi les autres) acquises pendant l’enfance. Sortir des limites c’est s’octroyer le droit de faire quelque chose que les autres ne font pas, c’est transgresser une sorte d’interdit. Et transgresser un interdit cela peut être vécu délicieusement pour certaines personnes. Par ailleurs, le fait de pratiquer en couple, quelque chose que d’autres ne font pas, c’est créer une forme de complicité autour d’un secret socialement inavouable. Cela renforce donc le couple. Maintenant, il n’y a pas que le rough pour apporter du piment : le voyeurisme et l’exhibitionnisme en sont d’autres….S’envoyer en l’air dans une voiture ou dans un bois, en sont des exemples tout à fait concret. Mettre un peu de piment, de la nouveauté dans le couple, est en tout cas, plus que nécessaire. C’est vital. Sinon, le couple par la routine, ne se désire plus et peu par exemple, être tenté par l’adultère (avoir des rapports sexuels en dehors de son partenaires, sans que celui-ci soit d’accord) pour retrouver l’excitation des débuts en franchisant là aussi, un interdit social. Donc mieux vaut franchir un interdit ensemble, en couple, que dans l’adultère.

Enfin, pas définition, le rough à quelque chose d’intense, en tout cas, une sorte d’intensité que le « sexe classique » ne procure pas.

Essentielle : Est-ce un signe de perversion de vouloir corser le jeu ?

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David GOULOIS : il y a un siècle, la fellation et le cunnilingus étaient considérés comme des perversions dans les manuels de psychiatrie…Aujourd’hui, celui qui ne lèche pas et celle qui ne suce pas, sont plutôt vus comme « hors normes »… La notion de perversion d’un point de vu social est donc fonction des cultures, des époques…Par contre, d’un point de vue de la psychologie clinique, le perversion c’est utiliser l’autre (ou une partie de l’autre) pour jouir. Mais en psychologie, la perversion n’est pas nécessairement connotée négativement, car finalement, l’on a tous un intérêt personnel dans le rapport sexuel, donc l’on se sert tous un peu de l’autre (au moins inconsciemment) pour répondre à nos propres fantasmes. Ce qui fait qu’une « perversion » est pathologique, c’est quand elle ne respecte pas l’intégrité psychique de l’autre et/ou qu’elle est interdite par la loi. La pédophilie ou le viol en sont de bon exemples. Par contre, le simulacre de viol, joués par deux partenaires consentants, n’a rien de pathologique, bien que pervers. En sommes, si l’on exagère (légèrement) nous sommes tous un peu des manipulateurs, donc tous des pervers en herbes.

Essentielle : Comment faire pour que le rough sex soit une expérience épanouissante ?

David GOULOIS : La communication, encore et encore…Avant, pendant et après rapport. Mais il faut respecter les limites qu’on a mises dans le couple, à savoir ce qu’on est prêt à accepter ou non. Bien sur, l’on peut tenter d’aller toujours un peu plus loin, mais il faut s’assurer de l’accord de son compagnon et donc clairement lui demander son avis, même en plein rapport. Car si l’on peut penser que madame ou monsieur aimerait telle ou telle pratique, s’il s’avère que ce n’est pas le cas, l’on tombe rapidement dans la souffrance psychique, le registre de l’agression et donc sous le coup de la loi.

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