Nos ados: les bonnes bases

Nos ados: les bonnes bases

Il dévalise votre réfrigérateur, vous répond quand vous lui faites une remarque ? Elle s’enferme dans sa chambre en regardant le plafond, elle passe la même musique en boucle depuis 2 heures ? Il vous demande de ne plus le déposer devant le collège (c’est « la honte ») ? Elle a explosé son forfait et en plus vous pique votre téléphone ? Il est tombé dans le pot de gel ce matin ? 

Vous êtes bien parent d’un adolescent…

Petit panorama et astuces pour « dompter l’indomptable »…

Déjà n’oubliez pas que cet ado que vous avez en face de vous, c’est vous qui l’avez aidé à se construire. Donc ce qu’il vous renvoi, est en partie ce que vous lui avez transmis ou pas.
L’autre partie sont les aléas de la vie, la société, la religion, l’école, les camarades.
Donc un ado qui « file droit » ou qui « pousse tord » c’est un peu grâce à vous.
Après, pour le reste, vous n’êtes pas maître de son destin.

Ce qui est important (mais cela doit depuis longtemps être présent dans la famille), c’est le « cadre ». Qu’est-ce qu’un cadre ? Un cadre est un dispositif, un ensemble de règles que vous avez instauré pour vos enfants, mais aussi pour vous.

Vous êtes le modèle de vos enfants : difficile d’exiger une conduite particulière de vos enfants, si vous ne vous l’appliquez pas vous-même.

Nos ados: les bonnes bases 1

Le cadre est une sorte de périmètre de sécurité pour lui, vous, votre famille. En gros, « si tu dépasse les limites » du cadre, tu seras sanctionné. Autant dire que le cadre pose les bases de la vie en société. On ne peut agir en dehors du cadre, sauf exception que vous seul (et/ou avec votre conjoint) qualifierez comme « l’exception ».

Le principe de l’adolescence, c’est de faire « péter » les cadres. C’est sont truc, remettre en question le système. Les adultes sont souvent considérés comme des « gens qui ne comprennent rien ou pas grand chose » (ce n’est pas faux, car dans certaines situations, l’adulte oublie souvent qu’il fut un ado).

Bref, chers parents, prenez votre mal en patience. Il bien faut que « jeunesse se fasse » comme on dit.

Comment poser ce cadre ? Voici quelques idées :

  • Les sorties : vous devez savoir où vont vos enfants et avec qui. L’heure de retour à la maison doit être au préalable posée avec votre enfant. A vous d’en décider le moment, mais il convient de tenir compte de certains facteurs : l’heure varie en fonction de la « maturité » de votre ado et de la relation de confiance que vous avez instauré (primordiale). Cependant, un gamin de 13 ans n’a rien à faire dehors à 20h. Et évitez les sorties tardives en semaines. L’école doit passer avant le reste. Si l’heure de rentrée n’est pas respectée, sanctionnez (sauf très bonne excuse). Je ne suis pas partisan des « claques » à tout va. Une sanction est plus constructive si elle est pédagogique et qu’elle est en relation avec la faute. Pas rentré à l’heure ce samedi ? Privé de sortie pendant X temps les week-end… Il vous faut savoir aussi à quel endroit : souvent ce sont les boites de nuit, des bars, ou des endroits bien précis (des « quartiers généraux »). En cas de problème cela peut servir. Enfin, pourquoi ne pas demander le numéro de téléphone d’un de ses copains ou copines, au cas où…
  • Les amours : vous pensez que votre enfant vie une histoire d’amour ? Laissez-lui vous en parler…Si, malgré l’attente il ne se livre pas, posez des questions, mais restez suffisamment vague. Et écoutez. Ne le passez pas à l’interrogatoire. Mais il vous faut savoir qui est cette personne : nom, prénom, âge. C’est le minimum syndical. Après, si cette relation perdure, vous pourrez peut-être proposer une rencontre entre vous, votre enfant et le ou la prétendant(e). Concernant les éventuels rapports sexuels : au risque que vous passiez pour rabat-joie, reparlez des moyens de préventions.
  • L’alcool, les cigarettes, les drogues : nous avons tous réalisés nos expériences et nos bêtises. Mieux vaut faire de petites bêtises en étant ados, qu’à l’âge adulte. Quoi que vous fassiez, quoi que vous ayez pu dire à votre enfant, il tentera de transgresser. Selon certaines limites qui sont propres au cadre que vous aurez posé depuis l’enfance, selon le degré de communication que vous aurez instauré dans la famille, et selon l’influence des copains…Se prendre une « cuite » (se saouler) entre copains/copines, reste un grand classique de l’adolescence. Le joint de « zamal » également. Les autres conduites à risque, comme les excès de vitesse aussi. La plupart du temps vous n’en saurez-rien (grâce aux combines de votre ado, alliées aux nouveaux produits sur le marché). Le tout est qu’il reste raisonnable, que sa vie ne soit pas en danger. Vous vous rongez les sangs ? Pourquoi ne pas lui en parler…De toute façon, la meilleur prévention contre les excès et les mises en danger, reste la communication et la confiance dans la famille. Vous ne trouverez pas mieux.
  • Les études : très important. Quelque soit son choix d’orientation (que vous devrez respecter, car il s’agit bien de son avenir, pas du votre), les études sont à notre époque primordiales. Pas la peine d’espérer trouver un job avec le brevet des collège. Vous devez vous intéresser à ses résultats et l’encourager. S’il ne fait rien, avant de sanctionner, cherchez à savoir pourquoi avant de conclure qu’il ne travaille pas assez. Peut-être à t’il de réelles difficultés avec certaines matières ? Peut-être que le « courant » ne passe pas avec le prof ? Peut-être qu’à l’école il a des problèmes (rejet, isolement ?). Peut-être est-il amoureux ?
  • L’argent de poche : il est plus intéressant pour l’enfant de recevoir à dates fixe son argent de poche plutôt que de recevoir de l’argent « à la demande ». Il doit apprendre à gérer l’argent et à le respecter. Il doit savoir attendre pour l’avoir. S’il veut se payer ses magazines (pour ses cigarettes, c’est à discuter en fonction de votre cadre), s’il veut dépasser son forfait téléphonique, s’il veut s’acheter un habit alors qu’il n’en a pas besoin, c’est à tout cela que sert l’argent de poche. Cet argent peut même être donné dès 3 ans. A cet âge il savent compter et économisent déjà. Toutes proportions gardées, 2 euros à 3 ans, 20 euros à 15 ans. C’est largement suffisant. Enfin, l’inciter au travail pour gagner lui-même ses plaisirs, est très utile. A 18 ans, études ou non, les grandes vacances c’est au boulot que cela se passe. Au moins un mois sur deux ! Et avant la majorité, l’on peut déjà gagner un peu d’argent en faisant du baby-sitting ou en tondant la pelouse du voisin.
  • La participation aux tâches ménagères : fille ou garçon, un ado doit savoir faire la même chose. Les deux sexes doivent savoir « tenir une maison ». Donc on commence tôt (dès 4-5 ans, un gamin peut même mettre la table, sans objets pointus bien entendu). Si vous instaurez la participation de votre enfant au partage des tâches de la vie quotidienne de la famille (partage ne veut pas dire qu’il doit tout faire à votre place), il sera très vite autonome et n’attendra plus que vous disiez de le faire. Par contre, il est négligeable de payer votre enfant pour les tâches de la vie collective. Ne donnez pas de l’argent de poche à votre enfant pour qu’il lave votre assiette et la sienne ! Quand vous faites à manger c’est gratuit pour lui, non ?
  • La mode vestimentaire, le maquillage : c’est souvent un problème rencontré d’avantage chez les filles que chez les garçons. Un garçon question habillement (je raccourci un peu), ça se limite à 5-6 chaines autour du coup, la casquette de travers et le pantalon qui laisse voir le caleçon (sans ceinture comme en prison, histoire de faire mauvais garçon) et le gel en paquet sur les cheveux…N’en riez pas, vous deviez être aussi surprenant, plus jeune. « Le problème » avec les filles, c’est qu’elles veulent faire femmes très tôt. Et bien souvent elles y arrivent : seins remontés presque visibles, string ficelle avec jeans taille basse, maquillage (parfois plus qu’il n’en faut), talons…Le garçon et la fille sont dans la période de l’affirmation de soi, de la provocation, c’est certain. Mais malheureusement, il y a beaucoup plus d’homme mûres qui ont déjà l’expérience de la sexualité et qui sont attirés par les jeunes-filles mineurs, que de femmes mûres attirés par de jeunes-garçons puceaux. Il ne s’agit pas d’interdire à votre fille ou garçon tel ou tel accoutrement, mais peut-être dans trouver un compromis plutôt que d’affronter l’image d’eux-mêmes qu’ils veulent avoir pour être acceptés des autres. De toute façon n’oubliez pas que bien souvent, les remarques que vous pourrez faire, n’auront que peu d’impact sur eux. C’est souvent plus efficace quand la remarque vient de l’extérieur à la famille.
  • Le contrat : enfin, il peut être utile de passer « un contrat » avec votre enfant. Un pacte, qui, si jamais il n’est pas respecté, risque l’effritement de votre confiance envers lui, et par conséquent, moins de liberté. Il doit en être conscient. Comme « les paroles s’envolent et que les écrits restent », pourquoi ne pas écrire ensemble ce contrat, quand toutes les parties sont là ? Il ne s’agit pas d’écrire un contrat sur tout, mais sur les sujets qui posent le plus de problèmes. Ce contrat étant valable pour les actes posés aussi bien dans la maison, qu’à l’extérieur. Et n’oubliez pas, tout débordement du cadre, s’il n’est pas suffisamment justifié, amène à la sanction. Pas de culpabilité à avoir et laissez tomber les moralisateurs partisans de la « no-frustration ». Elevez votre enfant comme vous le « sentez », en restant ouvert aux propos des autres et en sachant vous remettre en question. Encore une fois, si vous ne vous en sortez pas (cela arrive à énormément de parents), consultez un spécialiste. Il n’y a aucune honte à cela. Et vous n’en serez pas moins de mauvais parents, au contraire. Sachez que les « moins bons » parents, sont ceux qui ne se posent jamais de questions et qui pensent tout savoir, en se suffisant à l’éducation que eux, ont reçus. C’est de votre enfant qu’il s’agit, pas de celui du voisin.

Article parue en Aout 2010, dans le magazine « Belle », supplément du journal « Le Quotidien », Ile de la Réunion.

Dr David GOULOIS : docteur en psychologie, psychologue, psychothérapeute et sexologue sur l’Ile de La Réunion

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