Ces enfants qui dorment dans le lit de leurs parents

Ces enfants qui dorment dans le lit de leurs parents

Lorsque l’enfant vient de naître, il est assez courant que les parents décident de faire dormir bébé dans la chambre parentale.

Cela les rassurent, car souvent les angoisses typiques de jeunes parents (entendu qui ont leurs premier enfant) voire des moins jeunes, arrivent tout d’un coup : angoisse d’étouffement de l’enfant, d’une mort subite ou même d’un vol, même qu’il tombe du lit…Il est clair que les angoisses des parents ne sont pas forcément très rationnelles et font souvent écho avec leurs vécu infantile.

Quoi qu’il en soit, dans une certaine proportion, ces angoisses sont tout à fait normales. Novices dans leur métier de parents, ils essaient de faire comme il peuvent : tenant compte plus ou moins du modèle de leurs propres parents. Il y a une forte tendance chez les jeunes parents à douter de leurs capacités à êtres de bons éducateurs. D’où un sentiment de confusion et de culpabilité (particulièrement chez la mère).

Souvent l’enfant est mis dans un berceau ou lit à barreaux non loin de la visibilité de la mère.

Temps que j’y suis, ne prenez pas les lits parapluies, qui ne sont destinés qu’à l’usage occasionnel. Ces lits n’offrent pas sur le long terme un maintien postural adapté à la croissance de l’enfant.

Sur le côté, sur le ventre, sur le dos ? J’aurais une préférence jusqu’à 6 mois, a une position de l’enfant sur le côté, cela évite que ce dernier ravale ses régurgitations. On le callera avec un baillot constitué d’une serviette. Pas de doudou énorme (voir même pas de doudou du tout pendant ses 6 premiers mois), pas d’oreiller non plus. Privilégiez matelas ferme et plat, surélevé et stable.

Classiquement, la mère se réveillera ou dormira d’un demi-sommeil, pour vérifier que l’enfant « est bien ». L’on sait bien qu’il s’agit d’avantage de vérifier si l’enfant est en vie. Il n’est franchement pas exclu que les pères s’y mettent aussi. D’autant que la fonction maternelle n’est pas réservée aux femmes : un homme saura lui aussi « materniser ». Différemment, certes, mais il saura le faire. Et inversement, un mère peut être à son tour paternisante.

Quoi qu’il en soit, faire dormir son bébé jusqu’aux 6 mois de celui-ci, dans la chambre parentale, ne me parait être plus problématique que cela. Si cela peut rassurer les parents, pourquoi pas.

Il conviendra cependant de ne pas faire dormir l’enfant dans le lit des parents : parce que c’est un mauvaise habitude pour ce dernier et que cette pratique ne laisse pas « de place » au couple. Par ailleurs, des enfants s’ont décédés de parents s’étant retournés sur leur propre bébé lors du sommeil. A éviter donc.

Ces enfants qui dorment dans le lit de leurs parents 1

La mère (parce que c’est souvent d’elle que vient ce problème), doit progressivement laisser le père, séparer cette fusion mère-bébé. C’est vital pour l’enfant, pour qu’il puisse par la suite investir d’autres personnes que sa propre mère. Qu’elle n’oublie pas de penser à son mari.
Justement, parce que faire dormir l’enfant dans sa chambre est « mortel » à long terme pour la relation conjugale, il convient de ne pas dépasser ces fameux 6 mois. Car il arrive que des mères trop fusionnées dans cette relation à l’enfant, négligent leurs hommes. Je dirais sans mauvais jeu de mot, que le sein se partage. Il faudra alors que la mère laisse au père, prendre sa place de papa et que celui-ci vienne la réclamer aussi. Il est clair qu’un homme qui passe tout son temps avec ses copains plutôt qu’avec sa famille, ne donnera pas envie à sa femme de redevenir « amante ». Il n’empêche que certaines femmes, déjà peu à l’aise avec leur sexualité, utilisent inconsciemment ou non, l’enfant pour éviter les rapports.

Il conviendra en tout cas, de faire en sorte que le plus rapidement possible, l’enfant gagne sa chambre. Une chambre individuelle de préférence. Parce que l’enfant doit avoir son propre territoire. Idem pour les parents. Difficile d’avoir une intimité de couple lorsque l’enfant n’est pas loin. Le temps des 6 mois, l’on utilisera un petit drap, attaché au dessus du berceau, ne serait-ce que pour que les parents se « tranquillisent » dans leur ébats. Qu’on se rassure, hormis le réveil du petit, les gémissements des amants ne créeront pas de traumatisme particulier chez le bambin…

Une fois plus grand, il y a tout de même des enfants qui, parce qu’il ont pris une mauvaise habitude (les parents auront cédés à la facilité voire aux caprices), ou encore parce qu’ils vivent l’angoisse de leur propre parents, dorment encore dans le lit parental ou en tout cas, pas très loin. Je me souviens d’une famille où la fille, de 14 ans, dormait encore dans la chambre de ses parents ; cela arrangeait bien la mère qui ne voulait pas se retrouver seule avec son mari.

Là l’on n’est très clairement sur un fonctionnement névrotique. C’est aussi valable pour tout enfant âgé de plus de 6 mois qui dormirait dans la chambre de ses géniteurs.

Le cliché sera le suivant : l’enfant qui dormira avec ses parents (je ne parle pas du cauchemar, ou encore d’une petite maladie : là éventuellement se sera permis, mais attention aux habitudes tout de même) aura de sérieuses difficultés conjugales et familiales plus tard. Il n’arrivera pas à se projeter dans son couple (ce n’est pas parce qu’on vit en couple et que l’on a un enfant, qu’on investit psychologiquement et sincèrement son couple), tant finalement il est rattaché au couple de ses parents ; Il n’arrivera pas non-plus à devenir un parent mature, est responsable, car il est encore aliéné à son fonctionnement infantile, fonctionnement que les parents auront entretenus avec lui.

Qu’on soit bien clair, si un enfant ne souhaite pas dormir dans sa chambre, hormis un traumatisme important, il s’agit bien de la « faute » des parents ; je ne pèse pas mes mots et c’est volontaire. Il s’agit d’avoir une véritable prise de conscience.

Attention, cela ne veut pas dire que papa et maman soient de mauvais parents, mais simplement que cet aspect là, a fait défaut. Je le répète, en tant que parent, on fait ce qu’on peut avec ce qu’on a (en terme de bagage psychique), dans un lieu donné, à une époque donnée.

Ainsi le parent, était avant tout un enfant qui lui aussi a eu un héritage psychologique de la part des anciens. Mais il ne doit pas se déresponsabiliser pour autant et doit être capable de se remettre en question si nécessaire.

Ce qui est formidable, c’est que dans ce genre de problématiques, plus les parents se questionnent tôt, plus les séances chez le psy seront faiblement nombreuses.

Publié dans le magazine « Belle », supplément du « Quotidien », Ile de la Réunion

Dr David GOULOIS : docteur en psychologie, psychologue, psychothérapeute et sexologue sur l’Ile de La Réunion

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